Quand les maires trinquent…

En attendant la tenue des élections municipales, les candidats sortants ont dû céder leur place à des « délégations spéciales ». Et renoncer à leurs émoluments.

Publié le 4 février 2008 Lecture : 2 minutes.

Quand la Cour constitutionnelle du Gabon décide de reporter en avril prochain les élections municipales et départementales initialement prévues fin 2007, ce sont les maires et les présidents des conseils départementaux qui trinquent. Arrivés au terme de leur mandat le 12 janvier, les élus locaux ont demandé une prorogation de leur bail à la tête des exécutifs communaux. En vain. Le ministère de l’Intérieur – comme l’y oblige la loi – a nommé des « délégations spéciales » chargées de gérer les affaires courantes de ces collectivités. Et ce, jusqu’à l’investiture des nouveaux édiles, en juin.
Pour nombre de candidats sortants, cette décision ne pouvait pas plus mal tomber. La plupart d’entre eux mènent déjà campagne. Et vont devoir se passer, au moment où ils en ont sans doute le plus besoin, des émoluments et avantages (véhicule et logement de fonction notamment) liés à leur mandat. En temps ordinaire, et selon les usages locaux, ils n’auraient pas hésité à mettre les moyens de la collectivité au service de leur réélection.
Le maire sortant de Libreville, Alexandre Ayo Barro (Parti démocratique gabonais, PDG, au pouvoir), qui a succédé à André Dieudonné Berre depuis le départ de ce dernier à l’Assemblée nationale en mai 2007, a dû remettre les clés de l’hôtel de ville à un haut fonctionnaire Jean-Marie Mboumbou Makanga. À la tête de la plus importante commune du pays (700 000 habitants ; budget prévisionnel de 15 milliards de F CFA pour l’année 2008), Ayo Barro est le maire le mieux payé du pays avec un traitement mensuel de 5,9 millions de F CFA (environ 9 000 euros). Pas étonnant dès lors que l’écharpe de l’édile de la capitale soit l’une des plus disputées Son titulaire perdrait gros s’il venait à en être délesté. D’autant qu’un poids lourd de la politique nationale, l’ancien Premier ministre Jean-François Ntoutoume Emane, s’est lui aussi lancé dans la course.
De plus, après un mouvement de grève très suivi, les syndicats ont arraché le droit de nommer des représentants au sein de certaines « délégations spéciales ». Pendant la durée de cette période de transition, ils ne manqueront pas de se mêler d’une gestion dont ils s’estimaient victimes. Et, le moment venu, ils glisseront comme tout le monde leur bulletin dans l’urne – ce qui n’est pas une moindre arme. Selon O’lui Memine, porte-parole du syndicat des agents communaux, les municipalités auraient tout bonnement oublié de reverser à la Caisse nationale de sécurité sociale (CNSS) les cotisations censées garantir leur retraite. La mairie de Libreville, par exemple, devrait 9,3 milliards de F CFA à la CNSS.

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