Quand pousse Le Kinkeliba…

Publié le 4 février 2008 Lecture : 3 minutes.

Voilà maintenant treize ans que Le Kinkeliba uvre au Sénégal pour le développement médical et la lutte contre la mortalité infantile. À l’origine de cette association française qui porte le nom d’une plante médicinale subsaharienne aux vertus diurétiques et purgatives : un dermatologue parisien, le Dr Gilles Degois. Depuis février 1995, date de création de l’organisation, le praticien a été rejoint par plus de 140 membres, dont 80 professionnels de la santé, avant de décider, le 31 décembre dernier, de quitter la présidence du Kinkeliba. « J’aime lancer des projets mais pas les gérer, explique-t-il. Ces douze dernières années, je n’ai pas beaucoup dormi. J’étais très préoccupé par la recherche de financements nécessaires à nos activités. » Non sans un certain succès d’ailleurs : plus de 2 millions d’euros ont été récoltés depuis 1995 uniquement auprès de mécènes privés.
Le Dr Degois a de quoi être satisfait du travail accompli. Son équipe est parvenue à mettre en place plusieurs centres médicaux au Sénégal. Neuf ans après son ouverture, en 1998, l’établissement de Sinthian, dans la région de Tambacounda (Est), a même reçu une délégation de service public. Et à Wassadou, la maison Pierre-Fabre, inaugurée en 2005 par le chef de l’État, Abdoulaye Wade, dispense aujourd’hui 7 000 actes médicaux (maternité, vaccination, paludisme, médecine générale, etc.) par an. Contrairement à certaines ONG telles que Médecins sans frontières, qui interviennent dans l’urgence, Le Kinkeliba travaille sur le long terme, en favorisant l’installation de médecins de proximité.
« Le plus difficile fut de faire face à l’incrédulité, se souvient Gilles Degois. Lorsqu’en 1998 nous avons aidé le premier médecin privé du Sénégal à s’installer en pleine brousse, à 600 km de Dakar, personne n’y croyait. Aujourd’hui, nous suivons 45 étudiants en médecine. Lorsqu’un praticien vit et travaille en zone rurale, c’est tout le village qui se développe. Quoi de mieux pour lutter efficacement contre la désertification rurale ? » Les salaires des médecins et les médicaments sont payés par la population grâce à un système de mutuelle conçu sur place. Pour une cotisation de 18 000 F CFA par an (environ 27,50 euros), les patients peuvent bénéficier de consultations gratuites et du remboursement, à hauteur de 60 %, des traitements. L’association a participé en 2007 à Saint-Louis, à Thiès et à Wassadou, à la première campagne de prise en charge des albinos. Un travail à la fois médical et social (puisqu’il s’agit de traiter les cancers cutanés et d’aider à l’intégration des albinos) qui a été récompensé par le prix de la Société française de dermatologie. Autre motif de satisfaction : Le Kinkeliba a été la seule association française sélectionnée, parmi 89 autres, pour le Bill Gates Award 2007.
Néanmoins l’association ne se limite pas au domaine médical et nourrit aussi des projets éducatifs et agricoles. Depuis 2000, elle organise une Foire aux livres médicaux à l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar où elle a monté un cybercafé pour les étudiants en médecine. Un foyer a ouvert ses portes l’année dernière à Tambacounda, où 24 jeunes filles poursuivent leurs études secondaires. Les capacités d’accueil seront doublées à la rentrée 2008-2009. Le Dr Degois a ainsi pu vérifier que « faire de belles choses ne coûte pas plus cher que d’en faire des laides ». Une démarche que poursuit d’ores et déjà le Pr Bernard Rouveix, son successeur. Le Kinkeliba envisage désormais de développer, entre autres, des centres pilotes de médecine de brousse.

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