Les migrants financent le développement
Publié le 4 février 2008 Lecture : 1 minute.
On connaissait très mal les transferts financiers des migrants vers l’Afrique. Jusqu’à présent, on les évaluait à 30 milliards d’euros par an pour une diaspora d’environ 30 millions d’individus. Ce qui représentait entre 2 % et 4 % du Produit intérieur brut (PIB) des pays africains. Une étude de la Banque africaine de développement (BAD), présentée à Paris le 28 janvier, bat en brèche ce postulat. Dans quatre pays étudiés sur l’année 2005, (Maroc, Sénégal, Mali et Comores), ces transferts représentent respectivement 9 %, 19 %, 11 % et 24 % du PIB national. En comparaison avec l’aide publique au développement (APD), les chiffres sont de 750 %, 218 %, 79 % et 346 %.
Au cours des dix dernières années, la solidarité financière de la diaspora a pris une part prépondérante dans les économies africaines. Il est donc nécessaire de mobiliser au mieux ces ressources en intégrant toutes les approches, selon la BAD. Les Anglo-Saxons travaillent à la fluidification de l’offre de services (concurrence, réglementation souple, diffusion d’informations sur les prestations, rapidité des transferts). Les Hispaniques ont développé en Amérique latine la bancarisation des migrants. Cette approche, également adoptée au Maroc, consiste à proposer une vaste gamme de produits bancaires. Parmi ceux-ci, les transferts à bas prix sont un produit d’appel. Enfin, les Francophones tentent davantage de canaliser les ressources des migrants vers des projets dans les infrastructures de santé, d’éducation, ou vers des investissements productifs dans le cadre de programmes de codéveloppement (voir interview de Charles Milhaud, président des Caisses d’épargne, p. 68-69). En conséquence, la BAD et la France préconisent d’étendre ces enquêtes à l’ensemble du continent pour connaître avec précision la réalité et l’utilisation de ces flux, en fonction des pays destinataires. La Banque mondiale se contente, elle, de raisonner en volume et d’évaluer l’impact sur la balance des paiements.
