Jean Ping, un Gabonais à Addis

Publié le 4 février 2008 Lecture : 2 minutes.

En cet après-midi ensoleillé du 1er février, à Addis-Abeba, l’élection à la présidence de la Commission de l’Union africaine s’est ouverte sur un incident diplomatique. Alors que tous les chefs d’État et de gouvernement présents pour le 10e sommet de l’organisation étaient réunis à huis clos dans l’immense salle de la United Nations Conference Center, Mouammar Kadhafi s’est retiré avec fracas, suivi de sa pléthorique garde prétorienne.
Le « Guide » entendait protester contre l’élimination d’office de son candidat, Abdessalam Treiki, vice-Premier ministre libyen chargé de l’Afrique, qu’il avait sorti de sa manche dans les jours précédant le sommet, sans respecter les formalités d’usage. Une nouvelle Kadhafiade, en somme, d’autant que la désertion du « Guide » n’a pas empêché le délégué de son pays de prendre part au vote ! Il n’a fallu qu’un seul tour pour parvenir à un résultat sans appel : le Gabonais Jean Ping (65 ans) a été élu avec 31 voix contre 12 à son principal challengeur, l’ambassadrice zambienne Inonge Mbikusita-Lewanika, et 2 au juriste sierra-léonais Abdulai Osman Conteh.
Jusqu’ici vice-Premier ministre, chargé des Affaires étrangères de son pays depuis 1999 et membre du gouvernement gabonais sans interruption depuis dix-sept ans, Ping aborde donc une nouvelle étape de sa longue carrière de diplomate. Très proche du président Omar Bongo Ondimba, qui a multiplié les apartés avec ses pairs jusqu’à une heure avancée de la nuit du 31 janvier au 1er février pour les convaincre de voter pour lui, ce métis sino-gabonais natif d’Omboué hérite d’une organisation paralysée par une lourde bureaucratie, dotée d’une Commission dépourvue de réels pouvoirs, incapable de se doter d’un gouvernement et en proie à des problèmes structurels dénoncés par un récent rapport d’audit (voir ci-contre).
Pour tenter de corriger ces dysfonctionnements, certains chefs d’État ont, dans la matinée du 1er février, avancé l’idée de maintenir en place Alpha Oumar Konaré jusqu’au prochain sommet, en juillet prochain à Charm el-Cheikh (Égypte). Mais l’intéressé s’y est refusé, estimant que la prolongation de sa présidence au-delà de son mandat porterait atteinte à la crédibilité de l’organisation.
C’est dire si la tâche qui attend Jean Ping, et qu’il s’efforcera de mener à bien en partenariat avec le nouveau président en exercice de l’Union, le président tanzanien Jakaya Kikwete, s’annonce lourde.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires