Israël commande 10 000 Renault électriques
L’accord entre le constructeur français et le gouvernement de Jérusalem donne une impulsion décisive à la voiture sans essence.
La voiture électrique est née à la fin du XIXe siècle. Mais l’Histoire retiendra probablement pour date de son avènement le lundi 21 janvier 2008, jour de la conférence de presse donnée à Jérusalem par Shimon Pérès, président d’Israël, et Carlos Ghosn, PDG du groupe Renault-Nissan. Car, pour la première fois, un État s’est prononcé en faveur de la voiture électrique. « Produire une voiture électrique en série requiert trois éléments, a précisé Carlos Ghosn. Une technologie, un constructeur et un État partenaire. Jamais encore ces trois éléments n’avaient été réunis. » La technologie est connue. Elle a des avantages : zéro pollution, moindre coût d’usage qu’un moteur thermique. Mais aussi des inconvénients : coût de production supérieur, autonomie réduite à 100 km, temps de recharge d’environ six heures. Dès lors, les lois du marché condamnent la voiture électrique. Sauf quand les tarifs du pétrole flambent et qu’un État, pour des raisons politiques et environnementales, décide de modifier le paramètre prix.
Les taxes sur l’importation des voitures en Israël représentent 72 % de leur valeur d’achat. En jouant sur ce levier, le gouvernement veut mettre la Renault électrique au prix d’une voiture thermique de même gabarit. S’ajoutera la location des batteries, 60 euros par mois, plus une facture énergétique de 1 euro aux 100 km parcourus. Le calcul est vite fait : même si son champ d’action est limité par sa faible autonomie, la Renault électrique coûtera moins cher à l’usage qu’une voiture thermique, qui exige de l’ordre de sept litres de carburant aux 100 km.
« Dès lors que la voiture électrique est diffusée en masse, des économies d’échelle réduisent son coût de production, poursuit Carlos Ghosn. Nous n’aurions pas été intéressés par une commande de 500 voitures. Quand Israël évoque une demande de 10 000 véhicules par an, l’équation est différente. Ce contrat passé entre Renault et Israël n’est pas une expérience. C’est une révolution pour l’automobile : le début de la distribution en grande série de la voiture électrique. »
« Le pétrole est un danger pour l’environnement, mais aussi un danger pour les démocraties puisqu’il finance le terrorisme, a conclu Shimon Pérès. Voulons-nous continuer à être dépendants du pétrole ? Nous nous sommes bien arrêtés de fumer »
190 000 voitures par an
L’État d’Israël s’est engagé à installer sur son territoire 500 000 bornes de recharge à destination des voitures électriques. Ce qui semble énorme, sauf à recouvrir de bornes électriques un pays de 21 000 km2 Mais, à cette réserve près, le projet est solide, puisqu’il repose sur la volonté d’un État fort, représentant un marché annuel de 190 000 voitures, et qui a les moyens d’inciter ses citoyens, ses entreprises, ses collectivités locales, à choisir la voiture électrique. Une bonne nouvelle pour ses promoteurs, à commencer par Vincent Bolloré, qui dévoilera à l’automne la version définitive de sa « BlueCar ». Car l’industriel français dispose dans sa botte d’un argument dont il a pour l’instant le monopole : ses batteries lithium-métal-polymère garantissent à la « BlueCar » une autonomie de 250 km. Soit le double de la Renault électrique, munie de batteries lithium-ion fournies par Nissan.
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