Hannibal TV voit plus grand
Lancée dans l’indifférence il y a deux ans, la première télévision privée tunisienne est aujourd’hui la deuxième chaîne du pays. Et affiche de nouvelles ambitions.
Pour son troisième anniversaire, le 13 février, la première chaîne privée tunisienne, Hannibal TV, lancera une nouvelle télévision à destination du Moyen-Orient. Son nom ? Hannibal Orient.
D’un naturel optimiste, l’homme d’affaires franco-tunisien Larbi Nasra, 58 ans, fondateur du groupe Hannibal, croit dur comme fer en son projet. Les spécialistes des médias sont plus réservés. La plupart estiment qu’il est difficile, voire impossible, pour une chaîne maghrébine de s’imposer dans un paysage où plus de trois cents télévisions, spécialisées dans le divertissement, la musique, le cinéma, le sport et l’information, sont déjà recensées. Larbi Nasra n’en a cure. « L’aventure n’est pas près de s’arrêter », lance-t-il.
Son enthousiasme repose sur les scores encourageants réalisés par sa chaîne pendant le dernier mois de ramadan. Avec un taux d’audience cumulé de 46,7 % en septembre 2007 (1 % représente 95 000 individus), contre 43,2 % un an plus tôt, Hannibal TV s’est hissée au rang de deuxième télévision de Tunisie, derrière la chaîne publique TV7 (81,2 % en 2007 contre 74,3 % en 2006), selon une étude du cabinet Sigma Conseil. La chaîne privée a notamment devancé la télévision saoudienne MBC (11,8 %), la chaîne d’information qatarie Al-Jazira (4,3 %) et Dubai TV (4 %). Pour parvenir à une telle performance, Hannibal TV s’est efforcée de viser le plus large public possible, avec des dessins animés, des feuilletons égyptiens, mais aussi des séries américaines inédites en Tunisie, telles Lost, ou des jeux fédérateurs, comme Azayez Galbi, une version locale de l’émission de France 2, Les z’amours. La chaîne mise aussi, beaucoup, sur son programme phare consacré au débat sportif, Belmakchouf, pour combler une partie de son retard sur TV7.
Nouveau grand de l’audiovisuel tunisien, Hannibal TV reste toutefois un géant aux pieds d’argile. Quelques mois seulement après son lancement, le 13 février 2005, la chaîne a failli mettre la clef sous la porte. Son taux d’audience oscillait alors entre 2 % et 9 %. Les annonceurs faisaient défaut. L’investissement, non négligeable, de 8,7 millions d’euros et la ligne éditoriale audacieuse privilégiée par la direction qui n’hésitait pas à programmer des sujets tabous comme les mères célibataires ou les ravages du sida n’y peuvent rien : le succès n’est pas au rendez-vous. Pis : de folles rumeurs courent sur son propriétaire, qu’on dit en fuite et criblé de dettes.
Nasra parle, lui, de jalousie. Lorsque la chaîne touche le fond, en avril 2005, avec moins de 2 % d’audience, il va jusqu’à dénoncer « un complot de la profession ». Spécialisé dans le négoce international, où il a fait fortune, l’homme est un nouveau venu dans le petit monde des médias Après avoir fondé au Caire, en 1996, une société de production audiovisuelle, Audio Visuel International Production (Avip), puis lancé un projet de chaîne satellitaire, Nasr TV, qui a fait long feu, il décide finalement, en 2005, de revenir au pays pour se positionner sur le marché tunisien. Afin de mieux conquérir le Moyen-Orient ?
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