Toute la diversité du monde

Publié le 3 décembre 2007 Lecture : 3 minutes.

Le rose, il faut oser. Et la rédaction de La Revue a osé. Cette couleur est en effet la tonalité dominante de la couverture du onzième numéro de la dernière-née des publications du groupe Jeune Afrique. Sur cette couverture, un portrait, celui de l’Égyptien Mohamed el-Baradei, directeur de l’Agence internationale de l’énergie atomique, Prix Nobel de la paix 2005 devenu la bête noire des faucons américains et des Israéliens.
Ce diplomate en apparence plutôt lisse se révèle, sous la plume d’Alain Faujas, un homme d’une grande ténacité. Et aux nerfs d’acier. Parviendra-t-il à amadouer les uns – les Iraniens – et à endormir les autres – les Américains – pour trouver une issue politique à une crise qui menace de dégénérer à tout moment ? L’Histoire le dira. Mais, en attendant, La Revue revient longuement et utilement sur les tenants et les aboutissants de l’affaire, avec un dossier documenté, comprenant notamment un portrait de l’imprévisible président iranien Mahmoud Ahmadinejad et un article consacré à l’économie sinistrée de son pays.

Dans les curs
Cette onzième livraison de La Revue revient également sur deux phénomènes qui intéresseront tout particulièrement les lecteurs de Jeune Afrique : l’émergence de la Chine en Afrique et les nouveaux habits de la diplomatie sud-africaine. La Chine, d’abord, dont le rôle en Afrique ne cesse de s’affirmer. Fin juillet, sollicité par notre confrère Zheng Ruolin, Béchir Ben Yahmed, fondateur de Jeune Afrique et observateur privilégié depuis un demi-siècle des évolutions du continent, avait accordé une longue interview au quotidien Wen Hui Bao de Shanghai. La Revue l’a publiée, jugeant qu’elle pouvait intéresser aussi les francophones
« BBY » s’attarde sur les raisons de l’effacement de la France, qui remonte au milieu des années 1990 et à l’adoption de la fameuse « doctrine Balladur », et insiste sur sa « perte d’expertise africaine ». Si tout n’est pas encore perdu pour Paris, la nature ayant horreur du vide, certaines des positions économiques abandonnées sont désormais occupées par des entrepreneurs de l’empire du Milieu. Le deal proposé par les Chinois – nous finançons les infrastructures qui vous font défaut en échange des produits de votre sous-sol – peut permettre à nombre de pays africains de combler une partie de leur retard. BBY souligne cependant que Pékin a tort de tenir les peuples pour « quantité négligeable » et de ne s’adresser qu’aux gouvernements, car la bataille de l’influence se gagne avant tout dans les curs.
François Soudan a, lui, choisi de se pencher sur le cas de la diplomatie sud-africaine. L’Afrique du Sud s’est imposée comme le leader politique et économique du continent, comme en témoigne son implication en RD Congo, en Côte d’Ivoire, au Togo, aux Comores ou encore au Liberia, soit bien au-delà de sa zone d’influence traditionnelle : l’Afrique australe. Sa marque de fabrique réside dans une posture de leader moral, héritée des années de lutte contre l’apartheid. Les accents volontiers messianiques des discours de Thabo Mbeki, chantre de la renaissance africaine, s’expliquent par cette conviction : la nation Arc-en-Ciel n’est pas un pays comme les autres, c’est « l’Amérique de l’Afrique ». Et Pretoria aspire désormais à un statut de puissance moyenne à l’échelle planétaire, qu’elle est d’ailleurs en passe de décrocher.

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Reportages
La Revue, qui a pour ambition de refléter la diversité du monde, conserve le cachet qui fait son charme. Ni franco-française ni exclusivement internationale, elle est d’ailleurs et de partout, et ses pages, foisonnantes, balayent large. De l’étranger proche – un reportage sur l’Ukraine d’aujourd’hui – à l’étranger lointain – un autre reportage sur l’enfer des études en Corée du Sud -, tous les goûts sont servis, tous les palais sont rassasiés. Et c’est tant mieux !

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