Guinée-Bissau : Embaló accuse des barons de la drogue d’être derrière la tentative de coup d’État

Le président bissau-guinéen a désigné José Americo Bubo Na Tchuto, Tchamy Yala et Papis Djemé, comme étant derrière le putsch raté du 1er février.

Le président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, à Bissau, le 1er février 2022. © ALIU EMBALO/AFPTV/AFP

Publié le 11 février 2022 Lecture : 2 minutes.

Le président de Guinée-Bissau a accusé, jeudi 10 février, un ex-chef de la Marine nationale et deux autres hommes – arrêtés dans le passé par l’agence américaine antidrogue – d’être derrière ce qu’il présente comme une tentative de coup d’État avortée. Devant la presse, Umaro Sissoco Embaló a cité les noms de l’ex-contre-amiral José Americo Bubo Na Tchuto, chef de la Marine pendant la première décennie des années 2000, de Tchamy Yala, également ancien officier, et de Papis Djemé. Tous ont été arrêtés après les évènements du 1er février, a précisé le chef de l’État.

Umaro Sissoco Embaló a présenté le coup de force du 1er février comme directement lié au trafic de stupéfiants, alors que la Guinée-Bissau est considérée comme une plaque tournante du trafic de cocaïne en provenance d’Amérique latine. Dans un pays où les positions rémunératrices sont rares et disputées, nombre de membres des forces armées, omniprésentes, passent pour tremper dans les trafics.

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Condamnés aux États-Unis

Il y a dix jours, le palais du gouvernement, siège des ministères, a été attaqué par des hommes armés pendant que le président et les membres du gouvernement y tenaient un conseil des ministres. Le président était sorti indemne, après des heures d’échanges de tirs qui ont fait 11 morts, selon les autorités. « Je ne dis pas que ce sont les politiciens qui sont derrière ça, mais la main qui porte les armes, ce sont des gens liés aux grands cartels de la drogue », a dit le président Embaló, avant de citer les noms des trois hommes. Il a rappelé que tous trois avaient eu maille à partir avec la justice américaine.

“Attendez, on va l’appeler pour qu’il nous envoie des renforts”

Ils avaient été arrêtés en avril 2013 par des agents des services antidrogues américains, à bord d’un bateau qui naviguait dans les eaux internationales au large des côtes ouest-africaines. Selon la justice américaine, les mois précédents, ils avaient négocié, avec des enquêteurs américains se faisant passer pour des représentants de narcotrafiquants sud-américains, l’importation en Guinée-Bissau de cocaïne qui aurait ensuite été redistribuée en Amérique du Nord ou en Europe.

Bubo était déjà à l’état-major de la Marine

José Americo Bubo Na Tchuto avait été désigné comme un baron de la drogue par le Trésor américain. Il avait été condamné en 2016 à quatre ans de prison à New York. Tchamy Yala et Papis Djemé avaient été, eux, condamnés en 2014, à cinq et six ans et demi de prison, à New York également. Ils sont depuis rentrés en Guinée-Bissau.

Alors qu’il était coincé à l’intérieur du palais du gouvernement, et que les combats faisaient rage dehors, le président Embaló a rapporté : « Bubo était déjà à l’état-major de la Marine et en uniforme militaire. À un certain moment, j’ai entendu un des assaillants dire : “attendez, on va l’appeler pour qu’il nous envoie des renforts”. »

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(Avec AFP)

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