Malek Chebel plutôt que Doudou Diène

Publié le 3 décembre 2007 Lecture : 1 minute.

Le numéro 2445 de Jeune Afrique a capté mon attention par deux articles apparemment secondaires, mais qui reflètent deux tendances intellectuelles au sein des élites contemporaines du Tiers-Monde en général, et celles de l’Afrique en particulier : il s’agit de l’article sur Doudou Diène (« Doudou l’imprécateur », p. 57) et celui sur Malek Chebel (« Islam et esclavage », p. 93-96).
Les deux figures se mettent au service de l’Afrique par des postures diamétralement opposées : traquer et tirer à boulets rouges sur les idéologies racistes et néocolonialistes, d’un côté ; débusquer les tares, les fausses consciences et les hypocrisies de nos civilisations africaines discursivement coincées dans le traumatisme de l’esclavage et de la colonisation, de l’autre côté.
Certes, ces deux attitudes se rejoignent dans la recherche de la vérité et la récusation du mensonge, fût-il historique ou scientifique. Mais, d’un point de vue stratégique, l’autocritique – telle que la pratique Malek Chebel – me paraît [] culturellement plus féconde pour l’Afrique, non pas parce qu’elle contente une partie du continent (la noire) au détriment de l’autre (l’arabo-maghrébine), mais parce qu’elle ouvre la voie à l’autocritique de nos civilisations africaines. Je salue et j’applaudis le courage de ce digne fils d’Algérie qui a compris que la confession de nos propres crimes est un acte bien plus noble que la solidarité dans l’autocomplaisance. Vivement le jour où des intellectuels musulmans pourront objectivement critiquer – je veux dire désavouer, comme l’ont fait les Occidentaux avec leur livre saint – certains passages du Coran, sans risquer une fatwa de la part de vieux barbus à l’esprit fossilisé.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires