L’excision en léger recul

Lentement, le phénomène des mutilations sexuelles marque le pas sur le continent. Grâce notamment aux campagnes de sensibilisation et à des législations de plus en plus sévères.

Publié le 3 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Alors même que les mutilations sexuelles féminines remontent à la nuit des temps, on a longtemps eu du mal à mesurer l’ampleur du phénomène. On en sait beaucoup plus depuis que, à partir du début des années 1990, les enquêtes nationales se sont multipliées. Le nombre de filles et de femmes ayant subi une excision du clitoris ou toute autre forme de mutilation des organes génitaux (qui peut aller jusqu’à la suture de l’orifice vaginal) est estimé entre 100 millions et 140 millions à travers le monde.
Si le phénomène est présent au Moyen-Orient et en Asie du Sud-Est (au Yémen, en Malaisie et en Indonésie), c’est en Afrique, où il est recensé dans 28 pays, qu’il est le plus massif. Dans le dernier numéro de Population & Sociétés, le bulletin mensuel de l’Institut national d’études démographiques, deux chercheurs de l’Ined en dressent une cartographie assez précise (voir ci-dessus).
Ce genre de pratique, aujourd’hui unanimement réprouvé dans le monde, est souvent associé à l’islam. Certes, les régions où cette religion est très répandue semblent les plus touchées. Mais le Maghreb, totalement islamisé, les ignore, alors que dans un pays comme l’Éthiopie, où seulement un tiers de la population est musulmane, les trois quarts des femmes sont excisées. Près de 90 % des habitantes du Mali, pays presque exclusivement musulman, ont subi l’excision, tandis que dans le Niger voisin, lui aussi très largement islamisé, l’excision est rare. Comme le soulignent Armelle Andro et Marie Lesclingand, les auteurs de l’étude publiée par l’Ined, « le principal facteur du risque de mutilation est l’appartenance ethnique, ces pratiques s’inscrivant traditionnellement dans les rites d’initiation associés à l’entrée dans l’âge adulte ». Un exemple frappant est celui du Sénégal, où les femmes wolofs ne sont pas excisées alors que leurs surs peules ou malinkées le sont.
Rien – dans l’islam, en tout cas – ne justifie des actes d’une grande cruauté qui ont très souvent des conséquences graves sur la santé physique et psychique des fillettes qui les subissent. Même si l’évolution est lente, le phénomène, heureusement, est en recul dans la plupart des pays africains. Toutes les données sont concordantes : les jeunes femmes sont de moins en moins excisées. La scolarisation semble jouer un rôle déterminant, de même que l’action des États, bien que celle-ci ait tardé à se mettre en place. Si les mutilations sexuelles sont stigmatisées de longue date par diverses instances des Nations unies, il a fallu attendre 2003 pour que l’ensemble des membres de l’Union africaine signent un protocole les condamnant de façon officielle. Il n’empêche : chaque année, 2 millions de fillettes (chiffres de l’Unicef) passent encore entre les mains des exciseuses.

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