Donald Rumsfeld

Retraité malgré lui, l’ex-chef du Pentagone classe ses archives, se prépare à écrire ses mémoires et, à l’occasion, ne dédaigne pas une escapade parisienne, au coeur de cette « vieille Europe » tant honnie.

Publié le 3 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Il est 8 h 30, ce 26 octobre, dans les salons lambrissés de l’Union interalliée, à Paris, entre le palais de l’Élysée et l’ambassade des États-Unis. Un panneau de miroir pivote derrière un grand palmier en pot, livrant le passage à un malabar en costume clair, les yeux protégés par des lunettes noires. C’est le signal. À l’autre bout de la pièce, un frémissement de flashes et de micros.Â
Souriant de toutes ses dents comme si sa seule présence en France était déjà « a good one », Donald Rumsfeld fait son entrée. Ancien secrétaire à la Défense des États-Unis mis au rancart il y a moins d’un an pour le bilan désastreux de son action en Irak, l’alerte septuagénaire n’a rien perdu de sa fascination et de son pouvoir détonant. On ne parierait pas un cent sur les quelques militants de la Fédération internationale des droits de l’homme qui, sur le trottoir, distribuent des tracts mettant en cause sa responsabilité dans les tortures de la prison d’Abou Ghraïb et exigeant son « interpellation ». La Maison Blanche ne lâche pas ses vieux serviteurs pour si peu.

Certes, l’ancien pilote dans la Navy, député républicain à 30 ans et constamment réélu jusqu’à son entrée comme ambassadeur dans l’administration Nixon, secrétaire général de la Maison Blanche sous Gerald Ford, puis patron d’un richissime groupe pharmaceutique avant son retour sur la scène politique comme envoyé spécial de Ronald Reagan au Moyen-Orient, a été contraint d’abandonner toutes ses activités officielles, poussé vers la sortie par le succès des démocrates aux élections de mi-mandat, en novembre 2006. Redevenu un « simple patriote américain », cela ne l’empêche pas d’être resté l’intime du vice-président Dick Cheney et d’entretenir des relations suivies avec George W. Bush.
Au déjeuner organisé au même endroit – pour des raisons de sécurité – par l’éditeur français de Foreign Policy, la revue invitante, on en saura un peu plus sur la manière dont cet apôtre de toutes les nouvelles technologies guerrières – dont le fameux « bouclier antimissile » – organise sa nouvelle vie de retraité. Très décontracté, Rumsfeld s’efforce de faire contre mauvaise fortune bon coeur : « La seule chose que je peux vous dire concernant la prochaine campagne présidentielle, c’est qu’elle prendra fin en novembre 2008 ! C’est la première fois depuis des lustres que je ne suis pas concerné. Et c’est tant mieux : je trouve qu’Hillary [Clinton] n’est pas du tout  aimable. Et que Rudolph Giuliani [l’un de ses adversaires républicains] n’est pas loin de lui ressembler ! »
Celui qu’on surnommait jadis « le vengeur de l’Amérique » serait-il devenu un « homme au foyer » qui se contente d’applaudir aux excellents résultats enregistrés par la fondation caritative (microcrédit, formation féminine, bonne gouvernance, etc.) gérée par son épouse, principalement en Afghanistan ? « Don » s’occupe aussi de classer ses archives en vue de leur numérisation par la Bibliothèque du Congrès. Quant à ses mémoires, il y pense, évidemment, bien décidé à « ne pas laisser l’écriture de l’Histoire au New York Times ou au Washington Post ». Ni même à cet « oracle de Bob Woodward » qui le passe à la moulinette, mais dont il n’a heureusement pas eu le temps de lire les derniers livres !

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires