Catharsis nationale

La classe politique et la société civile, toutes tendances confondues, se penchent sur le règlement du passif humanitaire de l’ère Ould Taya.

Publié le 3 décembre 2007 Lecture : 2 minutes.

C’est un motif de réconfort dont Sidi Ould Cheikh Abdallahi avait bien besoin. Contestée lors de violentes émeutes contre la hausse des prix à la mi-novembre, l’action du chef de l’État mauritanien a été saluée au lendemain des « journées de concertation », du 20 au 22 novembre, au Palais des congrès de Nouakchott. Trois jours – promis par Sidi Ould Cheikh Abdallahi – de débats inédits et parfois houleux, aux allures de conférence nationale, au cours desquels la classe politique et la société civile, toutes origines ethniques et tendances idéologiques confondues, ont examiné les plaies encore vives de l’ère Maaouiya Ould Taya, renversé le 3 août 2005. Objectif : définir le règlement du « passif humanitaire », euphémisme désignant les exactions commises contre les Négro-Mauritaniens, dans l’armée notamment, au tournant des années 1980, et le cadre fixant le retour des réfugiés.
L’Alliance populaire progressiste (APP), de Messaoud Ould Boulkheir, enclin à la critique, a salué l’« engagement courageux » du président. Membre du Collectif des victimes des répressions de 1986-1991 (Covir), Mamadou Kane reconnaît que, « pour la première fois dans l’histoire du pays, on a parlé sans tabou ». Cet unanimisme ne doit cependant pas masquer de profondes divergences au sujet du passif humanitaire : les représentants des victimes veulent que justice soit faite, alors que certains courants maures se contenteraient du seul pardon. Le pouvoir, lui, se considère encore trop fragile pour organiser le jugement des présumés responsables au sein de l’armée, certains officiant encore aujourd’hui. D’après la synthèse finale, une commission doit s’emparer du dossier. Reste à déterminer qui la composera : « personnalités d’envergure nationale » uniquement, ou représentants des victimes également ? Le texte ne tranche pas. Un consensus s’est en revanche dégagé sur le retour des réfugiés, la réflexion sur le sujet ayant commencé au lendemain de l’élection de Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en mars dernier. Le 12 novembre, un accord entre le Sénégal, la Mauritanie et le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a d’ailleurs été signé pour fixer le cadre réglementaire du rapatriement, censé commencer avant la fin de l’année 2007.

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