Signature différée

Publié le 31 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Initialement prévue pour le 4 novembre, jour anniversaire de l’assassinat d’Itzhak Rabin par un fanatique juif, la cérémonie de signature du Pacte de Genève – l’initiative de paix israélo-palestinienne pilotée par Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo – ne se déroulera probablement que le 20 novembre.
Anis el-Qaq, délégué général de la Palestine en Suisse, qui doit présenter ses lettres de créances au département fédéral des Affaires étrangères, s’attache à minimiser l’importance de ce report : « La prochaine étape cruciale est la diffusion du document auprès de nos opinions publiques. Nous allons commencer la distribution d’une brochure explicative à Gaza et dans les Territoires occupés, avec le soutien des pays donateurs (Suisse, France, Allemagne, etc.). Il nous faut expliquer, convaincre, pour que le projet prenne de l’altitude, en quelque sorte. »
C’est l’occasion pour Ariel Sharon, « hérissé » par cette initiative, « plus dangereuse que les accords d’Oslo », de « lancer une campagne dans le monde contre l’adoption de ce texte et l’aide qu’on lui apportera en Europe ». Le ministre israélien des Affaires étrangères, Silvan Shalom, a fait convoquer par son directeur général, Yoav Biran, le conseiller de l’ambassade de Suisse, Claude Altermatt, pour lui faire part du « déplaisir » et des « réserves » de l’État hébreu à l’égard de la participation active de la Suisse à la préparation du document. Quant au Premier ministre, il a répété sans rire que le seul plan de paix valable restait la « feuille de route » – qu’il n’a pourtant cessé de saboter.

Mais, dans le même temps, le Pacte de Genève a reçu quelques soutiens de poids. D’abord, celui de Kofi Annan, qui commença par applaudir aux « efforts » et au « courage » de Sari Nusseibeh, président de l’Université Al-Qods, et d’Ami Ayalon, ancien chef du Shin Beth, dont le plan, antérieur au Pacte de Genève et moins détaillé que lui, a déjà circulé en Israël-Palestine, recueillant les signatures de 100 000 Israéliens et 60 000 Palestiniens. « De telles initiatives, a commenté le secrétaire général des Nations unies, contribuent à créer la vision d’un avenir commun et peuvent jouer, de peuple à peuple, un rôle essentiel en provoquant le choc nécessaire à la paix. » Et de louer, du même mouvement, Yossi Beilin et Yasser Abed Rabbo pour s’être employés, eux aussi, « à trouver la voie de la paix ».
Un deuxième renfort leur est venu de Jimmy Carter, l’ancien président des États-Unis et Prix Nobel de la paix 2002, qui avait joué un rôle décisif, en 1979, lors de la conclusion des accords de Camp David entre Israël et l’Égypte. Ce 28 octobre, Alexis Keller, l’universitaire genevois qui a oeuvré depuis des mois à faciliter les contacts israélo-palestiniens, en a fait l’annonce officielle. « L’idée est d’organiser une cérémonie culturelle avec des personnalités internationales, a-t-il expliqué à l’agence de presse suisse ATS. À ce titre, Jimmy Carter nous a déjà confirmé par écrit sa venue. » De quoi hérisser plus encore Ariel Sharon, dont la demeure, à Jérusalem, a, pour la première fois, été assiégée par quatre mille manifestants. Leur slogan : « Il y a une autre voie ! »

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