Le QI de Dieu

Publié le 31 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Mon collègue Jim (physicien, philosophe et célibataire) vient d’obtenir une année sabbatique pour conduire toute recherche qui lui plaira. C’est prévu dans la convention collective de l’université : sept ans de recherche, une année libre. À la cafétéria, je pose mon plateau à côté du sien et je l’entreprends aussi sec.
– Eh bien, Jim, que vas-tu étudier ? La mouche drosophile, le gène du crime, les éruptions solaires ?
– Peuh, tout cela est bien connu. Moi, je vais mesurer le quotient intellectuel de Dieu.
Silence stupéfait (de ma part). L’excentricité parmi les chercheurs est chose courante, bien sûr, mais la folie l’est un peu moins. Eh bien, nous y voilà, un maboul de plus, l’ami Jim a disjoncté grave. J’amorce un mouvement très lent de fuite en gardant les yeux fixés sur lui. Il m’arrête d’un geste impérieux.
– La question est de savoir si Dieu est aussi intelligent que le prétendent ses sectateurs. Dieu est-il un génie ?
– Bonne question, mais j’aperçois là-bas Rachid qui me fait signe…
– Si on définit le génie par trois déviations standard au-dessus de la moyenne, il faut appartenir au top 0,13 % pour mériter légalement l’appellation de génie.
– T’as vu l’heure qu’il est ? Je dois…
– À ma connaissance, God n’a jamais passé de test. Eh bien, jugeons-le sur ses réalisations, ou plutôt sur sa seule réalisation connue : l’Univers. Pour commencer, le Big Bang prouve qu’Il a une intuition géniale de la physique. L’explosion était assez forte pour que les gaz se condensent en étoiles, mais pas trop forte, ce qui aurait empêché l’apparition des galaxies. Mieux encore : le Soleil, étant à 6 000 °C, émet exactement dans la longueur d’onde qui permet la photosynthèse des plantes, sans laquelle nous ne serions pas ici, ni toi ni moi.
– Dis donc, regarde, elle a drôlement grossi, Marylou…
– De plus, en balistique, il est vraiment fortiche. En témoigne le calcul exact de la trajectoire de la météorite qui a exterminé les dinosaures et nous a permis de les remplacer. À vue de nez, Dieu, c’est au moins du 300 de QI. Enfoncés, le 190 de Einstein ou le riquiqui 165 de Darwin. Mais tu ne m’écoutes pas ! Qu’est-ce que tu fais ? Qu’est-ce que tu griffonnes sur la nappe ?
– Tu m’embêtes, à la fin. Je fais la même chose que toi, mais j’utilise une autre méthode. Pourquoi ne pas évaluer le QI de Dieu à partir de celui de ses créatures préférées, celles à qui Il a donné la Foi ? Regarde, j’ajoute les QI de George Bush, du mollah Omar et du rabbin Ovadia Joseph et je divise par trois. Tiens, il doit y avoir une erreur, j’obtiens zéro…

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