Diversité des élites en France : l’indispensable réforme des grandes écoles

« Diversité : une hypocrisie française » (5/7). Accusées de reproduire les inégalités sociales, les grandes écoles françaises tentent depuis des années de s’ouvrir à la diversité. Mais beaucoup reste à faire pour briser le plafond de verre.

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Publié le 4 mars 2022 Lecture : 5 minutes.

Les populations issues de l’immigration restent sous-représentées à l’Assemblée nationale, mais force est de reconnaître que les députés « d’origine africaine » n’y ont jamais été aussi nombreux. © séverine Millet pour JA
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France : les Africains de la République

Vingt-six députés sur 577, c’est encore bien peu. Les populations issues de l’immigration restent sous-représentées à l’Assemblée nationale, mais force est de reconnaître que les députés « d’origine africaine » n’y ont jamais été aussi nombreux. En tout cas depuis 1958.

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À 27 ans, Ousmane Galokho est déjà haut fonctionnaire. Au ministère de la Transition écologique, il est adjoint au chef du bureau des aides financières. Fait rare dans les hautes sphères de la fonction publique, il est fils d’immigrés venus d’Afrique subsaharienne. En France, ces derniers ont 8 % moins de chances que les natifs d’occuper un emploi public, selon le rapport L’Horty sur les discriminations dans l’accès à l’emploi public publié en 2016. « Il y a encore un effet de surprise quand on nous voit à des postes de cadres supérieurs. Dans les ministères, les Noirs ou les descendants d’immigrés travaillent plutôt dans la sécurité ou la restauration », explique ce diplômé (en octobre 2020) de l’École nationale d’administration (ENA), laquelle a été dissoute un an plus tard, sacrifiée sur l’autel de la diversité.

La prestigieuse école créée en 1945 au lendemain de la Seconde Guerre mondiale était accusée de reproduire une élite française peu diversifiée socialement. Mais avant la suppression de l’ENA, en décembre 2021, le parcours d’Ousmane faisait figure d’exception. Lui qui a grandi près de Perpignan, dans le sud de la France, ne vient pas d’un milieu social aisé. Un peu comme 64 % des populations d’immigrés originaires d’Afrique, selon l’Insee. Son père, traducteur d’arabe venu du Sénégal, n’a pas fait « l’école occidentale ». Et sa mère est femme de ménage. « Travailler dans la haute fonction publique était une idée qui m’intéressait depuis le collège, raconte-t-il. Mais quand vous n’avez pas de modèles, il est très difficile de se projeter et d’être très ambitieux. »

Son bac scientifique avec mention « très bien » en poche, Ousmane Galokho cherche sa voie. Il tente une entrée en classe préparatoire aux écoles d’ingénieurs, à Toulouse, et réussit ensuite le concours de l’École des ponts et chaussées en 2014. Mais après avoir décroché son diplôme d’ingénieur, l’envie de rejoindre la fonction publique reste forte. Il intègre Sciences Po Paris. « Je pensais qu’en faisant une école d’ingénieur, je pourrais rejoindre la fonction publique. Mais il valait mieux candidater à Sciences Po pour préparer le concours d’entrée à l’ENA », explique-t-il.

« Autocensure »

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