Faire une place à la nature

Les autorités multiplient les parcs nationaux, les réserves naturelles et les programmes d’aménagement des villes.

Publié le 31 octobre 2003 Lecture : 5 minutes.

Pour éviter la dégradation de ses ressources et assurer la protection de la faune et de la flore, la Tunisie a choisi, entre autres, de multiplier les aires protégées. Le code forestier en définit deux types : les parcs nationaux et les réserves naturelles. Au cours des années 1990, huit parcs nationaux et plusieurs réserves naturelles ont été créés. Grâce à cela, un grand nombre d’espèces végétales et animales ont déjà pu être sauvées, reproduites ou réintroduites. Afin de renforcer cette biodiversité, trois nouvelles aires protégées sont en chantier : deux parcs nationaux, à Jbel Zaghouan (2 000 ha) et Jbel Orbata (3 000 ha), et une réserve naturelle, à Oued Dkouk (6 000 ha). À la fin de ce programme, les parcs nationaux s’étendront sur 207 000 ha au total, et les réserves naturelles sur 22 138 ha.
Encore faut-il assurer la pérennité des infrastructures existantes ! Là aussi, plusieurs projets sont engagés. Cofinancé par le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) et la Banque mondiale, le premier vise l’amélioration des outils de gestion de trois parcs nationaux sur la période 2003-2008, pour un investissement de 14 millions de dinars (9,47 millions d’euros). Les parcs d’Ichkeul (au Nord), de Bouhedma (au Centre) et de Jbil (au Sud), les plus importants en termes de biodiversité, ont été choisis. Dans la même veine, 784 000 dinars seront alloués au parc national d’El Féïdja, avec le concours du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). Le troisième projet porte sur l’aménagement et la valorisation du parc naturel de Djebba (près de Béja). Connu pour sa richesse culturelle – il recèle des vestiges archéologiques des époques libyque et romaine – et pour sa diversité naturelle, le site de Djebba s’intègre, comme les deux précédents projets, dans une démarche de développement durable consistant à tenir compte, de façon prioritaire, des conditions de vie des Tunisiens, de l’exploitation rationnelle et viable des ressources et de la promotion d’un tourisme respectueux de l’environnement au bénéfice des populations locales, le fameux écotourisme.
Enfin, l’initiative Medwetcoast a pour objectif la conservation des zones humides et des écosystèmes côtiers dans le Bassin méditerranéen. Elle s’inscrit parfaitement dans le cadre des efforts entrepris par les différents pays du pourtour méditerranéen pour la préservation de la biodiversité et des habitats naturels face à la pression croissante des activités économiques et maritimes exercées sur le littoral. Cofinancés par l’Agence française de développement (AFD), le PNUD et l’État, pour un montant global de l’ordre de 5 millions de dinars, les efforts tunisiens se concentreront sur la péninsule du cap Bon, qui abrite 35 % des espèces menacées sur les côtes, et plus particulièrement sur les sites des forêts de Dar Chichou, de l’estuaire d’Oued Laâbid, des lagunes du cap Bon oriental, de la montagne d’El Haouaria ou encore de l’archipel de Zembra.
À ces actions sur le terrain viennent s’ajouter deux mesures plus globales destinées à préserver au mieux l’avenir. Le programme national de création de jardins botaniques, tout d’abord, s’est fixé pour mission de créer quinze sites d’ici à 2006 (il en existe actuellement neuf). Le but est clair : conserver le patrimoine génétique des espèces, promouvoir et améliorer les variétés locales, et sensibiliser le public à l’importance du patrimoine dont il jouit. Pour compléter cette action, une Banque nationale des gènes est en cours de réalisation. Elle devrait coûter quelque 5 millions de dinars. Parallèlement, un Plan d’action quinquennal pour la promotion du tourisme environnemental et culturel (PATEC) a été engagé dès 2000. Il porte sur trente et un sites naturels et culturels. Le PATEC définit une carte du tourisme culturel (en procédant à un inventaire du patrimoine), les programmes d’aménagement et de valorisation des infrastructures touristiques, les ressources nécessaires à l’exploitation et à l’animation (dépliants, revues, formation des guides), ainsi que les investissements et les actions marketing à engager.
Voilà pour le volet « nature et découverte ». Reste que les questions environnementales ne s’arrêtent pas à la lisière des parcs naturels. Pour faire face aux défis que pose l’urbanisation accélérée du pays (61 % de la population réside dans les villes), les autorités ont entrepris des actions multiformes de développement durable, dont le programme d’esthétique urbaine est le symbole le plus fort. Parcs urbains et forêts périurbaines sont au coeur des préoccupations. Depuis 1996, c’est le Programme national des parcs urbains (PNPU) qui se charge de la protection de ces espaces, afin de les ouvrir au public dans les meilleures conditions possibles. Sur cent sites forestiers périurbains identifiés, six parcs ont d’ores et déjà été aménagés. Vingt autres (soit 2 000 ha), répartis sur dix-huit gouvernorats, sont en cours d’études ou d’aménagement et quinze aires supplémentaires feront l’objet de toutes les attentions dans le cadre du Xe Plan national de développement (2002-2006). L’objectif : un parc urbain pour 60 000 habitants.
Pour mieux mesurer les effets de ces actions, Tunis étudie deux indicateurs : le taux de fréquentation (le parc El Mourouj, par exemple, a reçu plus de 180 000 visiteurs en 2002) et le ratio d’espaces verts par habitant. De 4,4 m2 en 1994, il est passé à 10,5 m2 en 2003. Et l’on vise les 15 m2 d’ici à 2010.
Dans le même temps, le programme des « boulevards de l’Environnement » invite à créer au moins un boulevard particulièrement verdoyant dans chaque ville de Tunisie. Aujourd’hui, sur 262 communes, 257 ont déjà créé leur boulevard et trois autres s’y attellent. Ce programme est complété, au niveau des chefs-lieux des gouvernorats, par les « boulevards de la Terre ». Trois sont déjà réalisés à Monastir, Tunis et Sousse. Cinq autres sont en cours d’aménagement. L’amélioration de l’esthétique concerne également les principaux axes du pays, comme la route du 7-Novembre menant de l’aéroport Tunis-Carthage à la GP9 (Tunis-La Marsa). L’entrée des agglomérations est aussi étudiée. Embellies, elles donnent une meilleure idée de leur identité et de la qualité de vie qu’elles offrent à leurs habitants et aux visiteurs. La ville de Ben Gardane a ainsi valeur d’exemple. Afin de poursuivre cet effort, un programme complémentaire d’entretien, de propreté et d’esthétique urbaine a été lancé le 30 septembre dernier. Les 40 millions de dinars dont il est doté sur deux ans seront utilisés pour améliorer la propreté (20 % des fonds), les aménagements (47 %) et l’esthétique urbaine (30 %).

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