De Cyrus à George W. Bush
Publié le 31 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.
En parcourant il y a quelques jours les couloirs du siège des Nations unies à New York, j’ai admiré quelques-unes des nombreuses oeuvres d’art offertes par les pays membres. J’ai été particulièrement frappé par l’une d’entre elles, donnée en 1971 par le chah d’Iran.
Fixée sur le mur dans un petit présentoir en verre, pas très bien éclairé et donc peu visible, cette terre cuite se trouve à l’entrée du couloir qui mène aux salles du Conseil de sécurité et du Conseil de tutelle. Elle n’attire plus guère la curiosité de ceux qui passent en ces temps de réunions nombreuses.
Il s’agit d’un petit cylindre d’argile, à peine plus grand qu’une bouteille de boisson gazeuse à la forme un peu évasée. Dessus est gravée une antique inscription. Sur la plaque en cuivre qui la décrit, j’apprends que je suis en présence de la plus ancienne Déclaration connue des droits de l’homme. En vérité, il n’en est rien. La traduction complète de l’inscription parle d’un tout autre événement… vieux de 2 500 ans : la conquête de l’empire de Babylone par le roi des Perses, Cyrus. La description est idyllique.
En voici le texte (légèrement réduit). En le lisant, remplacez le nom de Cyrus par celui de George W. Bush et comparez avec la situation actuelle de Bagdad, qui se situe à une centaine de kilomètres de Babylone… N’est-ce pas étonnant ?
« Je suis Cyrus, roi du monde, grand roi, roi puissant, roi des quatre quartiers.
Bien intentionné, je suis entré dans Babylone dans la ferveur populaire.
Mes nombreuses troupes conquirent Babylone sans difficulté.
Je n’ai permis à quiconque d’importuner ou de terroriser les gens.
Je me suis intéressé aux besoins des habitants et à leur bien-être.
J’ai libéré les citoyens de Babylone de leur joug.
J’ai rebâti leurs maisons détruites et apaisé leurs inquiétudes.
Dans toutes les villes saintes de l’autre côté du fleuve Tigre, les sanctuaires depuis longtemps en ruines furent restaurés sur mon ordre.
J’ai retourné les dieux à leur place, j’ai rassemblé tous les gens de ces contrées et j’ai reconstruit leurs maisons. »
