Aïcha Mint Jidane

Candidate à l’élection mauritanienne du 7 novembre

Publié le 31 octobre 2003 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois en Mauritanie, et d’ailleurs dans un pays du Maghreb, une femme se présente à une élection présidentielle. Aïcha Mint Jidane, 43 ans, mariée et mère de trois enfants, était jusqu’alors inconnue du grand public.
Dans les milieux politiques de Nouakchott, on tempère toutefois cette affirmation en précisant que la candidate est une alliée de longue date du pouvoir en place, puisqu’elle a milité dans une section locale du parti dirigeant, le PRDS (Parti républicain démocratique et social).
Sa candidature ne serait donc qu’une manoeuvre pour détourner les votes des tribus du Trarza et de l’Assaba pour qu’ils ne profitent pas aux concurrents du président Maaouiya Ould Taya.
En tout cas, Aïcha Mint Jidane apporte une note insolite et parfois amusante à la campagne électorale. Ses yeux ronds et larges en perpétuel mouvement ne seront pas oubliés de sitôt. Ancienne conseillère municipale PRDS à Kiffa, sa ville natale, Aïcha s’est offusquée que sa formation politique n’ait pas attendu son retour de voyage pour choisir son candidat à l’élection présidentielle. « Je devais écrire à mon parti pour lui demander d’accepter ma candidature, mais durant mon absence du pays, le PRDS a décidé de reconduire celle de l’actuel président Ould Taya », dit-elle malicieuse. Aïcha Mint Jidane a donc quitté le PRDS et se présente comme « indépendante ». Son ancien parti lui a tout de même procuré les cinquante signatures d’élus exigées pour que sa candidature soit validée par le Conseil constitutionnel.

Son programme électoral, comme on est en droit de s’y attendre, s’adresse aux femmes. Élue, elle élargirait leurs droits constitutionnels. Elle promulguerait notamment une loi limitant la répudiation et garantissant les droits des femmes divorcées. Par ailleurs, elle s’engage fermement à lutter contre l’excision et le gavage. Cette dernière pratique consiste à obliger les jeunes filles de 9 à 11 ans à avaler de grandes quantités de nourriture plusieurs fois par jour. Les femmes de Mauritanie se targuent d’avoir des filles « bien en chair ».
Forte de ses ramifications dans les grandes tribus « maraboutiques » de l’Assaba et du Trarza (Centre-Sud), la candidate se montre confiante et assure qu’elle va « ratisser large » le jour du scrutin. Audacieuse ou ingénue, quand on lui demande pour qui elle voterait au second tour en cas d’échec, elle répond du tac au tac : « Je pense passer au premier tour. L’idée d’un second tour ne m’effleure même pas. »
Une fois présidente, elle compte se ménager quelques plages d’études dans un emploi du temps chargé pour repasser un baccalauréat lettres modernes option arabe qu’elle a raté « d’un cheveu » en 1989. « Une fois installée à la tête de la nation, je trouverai bien le temps de retourner vers mes leçons de terminale pour me présenter au bac une deuxième fois », soutient celle qui se voit déjà chef de l’État.

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