L’Afrique s’embourbe

Publié le 3 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Le rapport annuel du Forum économique mondial (World Economic Forum, WEF) sur la compétitivité, publié le 28 septembre, réserve une surprise de taille. Le Maroc (76e) enregistre une chute vertigineuse de vingt places. Un revers de taille pour le gouvernement de Driss Jettou qui ne parvient, selon les auteurs de ce document, ni à endiguer la bureaucratie, ni à lever les restrictions à l’accès à la propriété privé, ni à combattre efficacement la corruption. Les mêmes maux, ainsi que le clientélisme des officiels gouvernementaux, sont reprochés à la Namibie (63), qui perd onze places. Parmi les bons élèves, le WEF décerne un satisfecit au Ghana (59e, + 9) pour les progrès de son système éducatif et ses efforts en matière de lutte contre la corruption ainsi qu’à la Tanzanie (71e, + 11) pour l’amélioration des relations entre travailleurs et employeurs.

Globalement, la majorité des pays africains stagnent ou régressent dans ce palmarès comprenant 117 pays et établi à partir de statistiques internationales et d’une étude d’opinion auprès de 11 000 chefs d’entreprise à qui l’on a demandé d’évaluer les performances des États sur la base de critères économiques, sociaux ou administratifs. Les cinq premiers pays africains – Tunisie (40e), Afrique du Sud (42e), Botswana (48e), Maurice (52e) et Égypte (53e) – figurent dans la première moitié du classement, les dix-huit autres, dans la seconde. « Les médiocres performances du continent ne peuvent être dissociées de la mauvaise gouvernance et des problèmes de santé publique, notamment le sida et les épidémies, qui ont un impact négatif sur les activités économiques », précise le rapport du WEF.

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En tête du palmarès, les grandes tendances se confirment. La Finlande reste, pour la troisième année consécutive, le pays le plus compétitif de la planète. Joli tir groupé des nations nordiques avec la Suède (3e), le Danemark (4e), l’Islande (7e) et la Norvège (9e), qui monopolisent les premières places aux côtés des États-Unis (2e) et de deux dragons asiatiques, Taiwan (5e) et Singapour (6e). « Ces pays bénéficient d’une excellente gestion et n’ont pas de problèmes budgétaires comme la France, l’Allemagne ou l’Italie, explique l’économiste en chef du WEF, Augusto Lopez-Claros. Face au vieillissement de leurs populations, leurs dirigeants politiques se sont rendu compte qu’ils devaient économiser aujourd’hui afin de maintenir les filets de sécurité. » Si ces États jouissent également d’un haut niveau de transparence, la performance des pays du nord de l’Europe montre qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un faible niveau de prélèvements obligatoires pour être compétitif. À condition de faire un usage très efficace des recettes publiques en les réinvestissant dans l’économie, particulièrement en finançant les infrastructures et l’éducation.

Les États-Unis, solidement ancrés à leur deuxième place, demeurent les champions de l’innovation et de la technologie, mais leur performance d’ensemble est plombée par l’ampleur des déficits budgétaire et commercial. La Chine, quant à elle, se retrouve au 49e rang (- 3), les milieux d’affaires interrogés se montrant préoccupés par le manque d’amélioration dans des domaines tels que l’environnement juridique, la protection sociale, la propriété privée ou la stabilité bancaire.

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