Hissein Habré dans la nasse

Publié le 3 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

Après des années de procédure, des milliers de documents décortiqués par la justice et une large mobilisation des organisations de défense des droits de l’homme, un mandat d’arrêt international a été lancé contre l’ex-président tchadien Hissein Habré. Accompagné d’un signalement et d’une demande d’arrestation immédiate, le mandat a été envoyé par le juge belge Daniel Fransen aux autorités du Sénégal, où réside l’ex-dictateur depuis sa chute, en 1990.

Si l’acte est daté du 19 septembre, il n’a été rendu public que le 29 par la ministre belge de la Justice, Laurette Onkelix, qui s’est décidée à informer l’opinion avant la presse pour prévenir de probables fuites.
Bruxelles entendait en effet boucler toute la phase de négociation diplomatique avec Dakar et s’assurer de la privation de liberté formelle de Hissein Habré avant de diffuser l’information. C’est ainsi que le Premier ministre belge Guy Verhofstadt a pris langue, à la mi-septembre, avec le président sénégalais Abdoulaye Wade, en marge du sommet des Nations unies, à New York. S’il n’a pas formellement promis que Hissein Habré allait être extradé vers la Belgique, Wade a assuré son interlocuteur de sa volonté de ne pas obstruer la marche de la justice. Après avoir reçu le mandat d’arrêt international via Interpol, le Sénégal a demandé qu’il lui soit adressé par la voie diplomatique.

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La plainte avec constitution de partie civile pour crimes contre l’humanité, tortures, arrestations arbitraires et enlèvement, déposée le 30 novembre 2000, vient donc d’aboutir après une attente de près de cinq ans. Il est vrai que le juge Fransen (par ailleurs pris par des enquêtes sur les filières terroristes en Belgique) a dû décortiquer des dizaines de milliers de documents.
Le mandat d’arrêt a été lancé sur la base de la controversée loi belge de compétence universelle de 1993, qui autorise le pays à poursuivre les auteurs de crimes de guerre, de crimes contre l’humanité et de génocide, quels que soient leur nationalité et le lieu où les faits ont été commis. Après la modification de cette loi, intervenue en 2003, beaucoup de victimes de l’ex-homme fort de N’Djamena ont commencé à désespérer. La plainte contre Habré a passé le filtre de la nouvelle loi parce que 3 des 21 plaignants sont des Belges d’origine tchadienne. Ce qui satisfait à la condition de rattachement à la Belgique posée par la législation modifiée.

Vivant à Dakar en résidence surveillée, Hissein Habré, dont le passeport et ceux de tous les membres de sa famille ont été confisqués par les autorités sénégalaises, est sous contrôle. Va-t-il être extradé ? Le gouvernement belge et les associations de défense des droits de l’homme sont en tout cas décidés à tout faire pour qu’il le soit. Après un passage à Bruxelles, Reed Brody, directeur adjoint de Human Rights Watch, devait rejoindre Dakar le 1er octobre. En prélude à l’arrivée dans la capitale sénégalaise de représentants d’associations de victimes pour le lancement d’une campagne internationale en faveur de l’extradition de Hissein Habré.

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