Maison Laadani, l’artisanat d’Afrique de l’Ouest à l’honneur
Jusqu’au 6 mars, le 25hours Hotel accueille à Paris quelques pièces de la collection de Habi Diabira. Des objets de décoration du quotidien mais aussi des pièces exceptionnelles.
Plaids en bogolan, coussins en pagne tissé, étoffes en lépi de Guinée, vannerie et poteries traditionnelles, figurines, masques… Voici une partie des accessoires signés Maison Laadani (maison des traditions en langue soninké), que l’on peut retrouver au corner de l’imposant 25hours Hotel érigé en face de la gare du Nord, à Paris.
Aux côtés de ces éléments de décoration bien confectionnés, mais sans surprise, viennent se glisser quelques pièces d’exception que Habi Diabira, créatrice de la marque, chine un peu partout en Afrique de l’Ouest. Parmi les pépites, des tabourets ou encore de majestueuses portes dogon en bois incrustées de motifs travaillés à la main, que la Française née de parents maliens récupère chez les antiquaires.
Valoriser des savoir-faire
Pour cette ancienne ingénieure en santé publique, qui a sillonné le Mali, le Sénégal, la Côte d’Ivoire, le Ghana ou encore l’Afrique du Sud, la traçabilité compte. « Ces portes proviennent de greniers ou de cases qui servaient majoritairement de garde-manger dans ce royaume creusé dans les falaises. Certaines d’entre elles datent de 1910-1912 », assure-t-elle. Souci d’authenticité, travail de restauration et de préservation, acheminement jusqu’en France, autant de critères qui justifient les prix des pièces pouvant parfois atteindre 2 000 euros en fonction de la taille.
Le mobilier et les objets de décoration africains sont aujourd’hui détournés de leur fonction première mais j’aime rappeler leur histoire
« Je ne suis pas sur un modèle de fast-déco. Une offre d’artisanat de qualité, ça prend du temps. C’est l’un des aspects qui peut décourager d’autres acteurs du marché », observe l’entrepreneuse de 36 ans qui travaille en direct avec les artisans locaux, ou via des coopératives. Autre point sur lequel la créatrice ne transige pas, la rémunération de ses collaborateurs au juste prix pour qu’ils continuent à vivre de leur activité.
La créatrice, qui a démarré sur la plateforme Etsy en 2020, s’enorgueillit aujourd’hui de compter parmi sa clientèle des touristes venus de tous les horizons, d’Asie comme d’Islande, depuis le lancement du showroom physique. Le moyen pour elle de transmettre l’histoire de sa collection aux acheteurs, un public de connaisseurs comme de néophytes. « Le mobilier et les objets de décoration africains sont aujourd’hui détournés de leur fonction première, mais j’aime rappeler qu’ils sont, à l’origine, des outils du quotidien, des objets utilitaires ou destinés à des rites et qu’ils ont une fonction sacrée. »
C’est le cas des « juju hats » du Cameroun ou chapeaux aka, nommés ainsi en référence à l’oiseau-perroquet que l’on retrouve dans les villages bamiléké, traditionnellement utilisés lors des cérémonies princières, d’intronisation, de naissance ou de funérailles que Maison Laadani, à l’instar d’autres marques de mobilier africain contemporain, propose comme décoration murale. « Cette coiffe colorée confectionnée à partir de plumes de poulet et de raphia a été introduite par les Camerounais aux Sud-Africains qui en ont fait un élément de décoration d’intérieur ces dernières années », précise-t-elle. En présentant une partie des trésors dont recèle le continent, Habi Diabara participe à son échelle à la préservation d’un savoir-faire qui tend à se perdre.
Maison Laadani au 25hours Hotel jusqu’au 6 mars
12, boulevard de Denain, 75010 Paris
etsy.me/3sLUsg0
La Matinale.
Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Culture
- Algérie : Lotfi Double Kanon provoque à nouveau les autorités avec son clip « Ammi...
- Stevie Wonder, Idris Elba, Ludacris… Quand les stars retournent à leurs racines af...
- RDC : Fally Ipupa ou Ferre Gola, qui est le vrai roi de la rumba ?
- En RDC, les lampions du festival Amani éteints avant d’être allumés
- Bantous : la quête des origines