Doucement, mais sûrement

L’effacement est confirmé pour les pays les plus endettés. Mais les modalités restent à définir.

Publié le 3 octobre 2005 Lecture : 2 minutes.

« La voie est désormais libre vers un effacement complet de la dette. Les dirigeants de trente-huit pays d’Afrique et d’autres régions du monde n’auront plus à choisir entre le financement de dépenses qui profitent à la population et le remboursement d’une dette publique insupportable, souvent héritée du passé », a déclaré Paul Wolfowitz, président de la Banque mondiale, le 25 septembre, à Washington, à l’issue des réunions annuelles de la Banque mondiale et du Fonds monétaire international (FMI). La même satisfaction se lisait sur le visage du président du Groupe de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, qui s’est félicité de la décision prise par les ministres des Finances du G8 concernant les modalités retenues pour financer intégralement l’allègement de la dette. Dans une lettre adressée le 24 septembre à Donald Kaberuka, Paul Wolfowitz et Rodrigo de Rato (directeur général du FMI), les argentiers des huit grandes puissances économiques mondiales, se sont engagés à prendre entièrement en charge le coût de l’allègement de la dette et ont promis de « compenser, dollar pour dollar, le manque à gagner subi en termes de remboursements du principal et des intérêts, pour la durée des prêts annulés ».
La décision « historique » prise en juin dernier par les chefs d’État du G8 peut donc enfin être mise en oeuvre. Et n’apparaît plus désormais comme une énième promesse – elle s’était contentée de définir les pays bénéficiaires (les trente-huit pays déjà inscrits à l’initiative PPTE, pays pauvres très endettés) et les institutions concernées (Association internationale de développement, AID ; Fonds africain de développement, FAD ; et FMI).
La lettre des ministres des Finances du G8 a répondu à l’essentiel, mais pas à toutes les questions. Oui, il y aura de l’argent frais pour financer le manque à gagner (plus de 1 milliard de dollars par an pendant une quarantaine d’années) selon la formule « dollar pour dollar » ; oui, il y a eu accord sur la date butoir à laquelle on arrête le décompte de la dette (31 décembre 2004) et sur celle du démarrage (1er juillet 2006). Pas de réponse, en revanche, sur toutes les autres questions importantes, à savoir le partage du fardeau (les pays du G8 vont exiger une contribution des autres pays riches, y compris ceux de l’Opep), les critères d’éligibilité (pour des raisons d’équité, le cercle des bénéficiaires va être élargi aux pays non PPTE d’Afrique et d’Amérique latine), le caractère irrévocable ou non de l’annulation (que faire si un pays sort de la bonne gouvernance ?)… Les réponses à ces questions détermineront l’ampleur des créances qui seront annulées. Selon les estimations actuelles (limitées aux seuls PPTE), le montant de l’effacement s’élève à 42,5 milliards de dollars pour l’AID, à 10 milliards pour le FAD et entre 4 et 5 milliards pour le FMI.

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