Un grand Blanc s’en va

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Pierre Messmer s’est éteint le 29 août à l’âge de 91 ans. Au cours d’une vie intense placée sous le signe de la fidélité au gaullisme, celui qui fut le Premier ministre de Pompidou était un intime du continent africain. Parallèlement à ses études de droit, Messmer se destine à une carrière coloniale : École des langues orientales, École nationale de la France d’outre-mer Sorti administrateur en 1938, il fait son service militaire au 12e régiment de tirailleurs sénégalais. Dès juin 1940, il rejoint de Gaulle à Londres. Devenu officier dans la Légion étrangère, il s’illustre sur les champs de bataille d’El-Alamein et de Bir Hakeim. En 1944, il participe au débarquement en Normandie, puis à la libération de Paris, avant d’être envoyé en Indochine l’année suivante. Fait prisonnier par le Vietminh, il parviendra à s’évader.
Il retrouve l’Afrique dès 1950. Commandant de cercle en Mauritanie, puis gouverneur de Côte d’Ivoire, il dirige, en 1956, le cabinet du ministre de la France d’outre-mer, Gaston Defferre, dont la loi-cadre donne un début d’autonomie politique aux colonies. Il est ensuite nommé haut-commissaire de la République, d’abord au Cameroun, puis en Afrique-Équatoriale française (AEF), en poste à Brazzaville, et enfin en Afrique-Occidentale française (AOF), à Dakar. Il se voit confier l’organisation du référendum sur la Constitution de la Ve République et la Communauté française. On sait que la Guinée a voté « non ». Messmer prendra sans états d’âme des mesures rigoureuses à l’encontre du nouvel État : retrait des fonctionnaires, suspension des aides budgétaires, etc. Jamais il n’exprimera de regret, de même qu’il ne reniera pas non plus, sans aller jusqu’à les approuver, les tentatives de déstabilisation, voire les complots, organisés à l’instigation de Jacques Foccart contre le régime guinéen.
Messmer a toujours défendu la politique gaulliste de décolonisation et l’intérêt porté par la France à l’Afrique francophone. Jugeant avec sévérité la corruption des régimes locaux et le rôle nocif de certaines entreprises françaises dans le pré carré africain, il était réservé sur les interventions militaires et le droit d’ingérence. Ainsi, avait-il critiqué le soutien – pourtant souhaité par de Gaulle – à la tentative de sécession du Biafra. Il s’était également montré hostile aux opérations françaises au Tchad, à l’envoi de contingents en Somalie et à l’engagement en 1994 de troupes françaises au Rwanda. L’an dernier encore, il avait écrit au président Jacques Chirac pour lui conseiller de procéder au retrait des forces engagées en Côte d’Ivoire dans le cadre de l’opération Licorne (voir p. 6).

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