Algérie : Saipem fait appel mais provisionne 192 millions d’euros
Après une année 2021 déficitaire, la filiale du géant italien des hydrocarbures Eni doit composer avec une sanction financière imposée par la justice algérienne.
Le 14 février, les juges du tribunal Sidi M’hamed d’Alger ont condamné Saipem en première instance à une amende de 192 millions d’euros pour “avoir obtenu un contrat à un prix supérieur à la valeur attendue, conclu avec une société commerciale et industrielle appartenant à l’État, bénéficiant de l’influence des représentants de cette société”, selon un communiqué du groupe.
La filiale de l’italien Eni spécialisée dans la prospection et les forages pétroliers, a annoncé faire appel dès le lendemain du verdict tout en constituant, cependant, une provision dans ses livres de comptes pour couvrir cette somme. Le groupe a tenu à précisé que la justice italienne a « complètement acquitté la société le 14 décembre 2020 » dans le dossier de ce projet prévu dans la ville d’Arzew.
Condamnations en série
Dans l’attribution de ce marché pour la construction d’une usine de liquéfaction de gaz à train unique, le milanais Saipem aurait corrompu des officiels algériens en concluant un contrat surfacturé. L’ancien ministre algérien du Pétrole Chakib Khelil – un proche de feu l’ex-président Abdelaziz Bouteflika – en poste au moment des faits, a écopé de 20 ans de prison pour avoir reçu des pots-de-vin. L’ancien PDG de la Sonatrach, Mohamed Meziane a lui été condamné à cinq ans de prison, et son ex-n°2, Abdelafidh Feghouli, à six ans.
Avec 1,84 milliard d’euros de pertes pour l’année 2021 (pour l’exercice 2020, elles atteignaient déjà 1,4 milliard d’euros), cette condamnation tombe mal pour l’entreprise dirigée par Francesco Caio. Affichant un chiffre d’affaires de 6,92 milliards d’euros (contre 7,34 milliards l’année précédente), le groupe de services pétroliers italien avait revu, le 31 janvier dernier, ses perspectives annuelles en évoquant la « détérioration significative » des marges de certains projets en raison de la pandémie et de la hausse des coûts des matières premières et logistiques.
Nouveaux managers
Au début du mois de février, Saipem a cédé à la pression en se dotant de nouveaux dirigeants : Alessandro Puliti devient le nouveau responsable du management et Paolo Calcagnini prend la tête de l’unité de contrôle financier et de planification. Tous deux épauleront le directeur financier, Antonio Paccioretti et travailleront sous la supervision de Francesco Caio.
Le 3 février dernier, le groupe, dont la valorisation boursière atteint près d’1 milliard d’euros, a vu ses notations financières abaissés par Moody’s qui l’a placé sous surveillance en raison d’un risque de défaut de paiement.
Francesco Caio et Alessandro Puliti, préparent actuellement un plan de relance stratégique pour la période 2022-2025 qui doit être présenté au Conseil d’administration le 15 mars prochain. Une date d’ores et déjà cruciale.
L'éco du jour.
Chaque jour, recevez par e-mail l'essentiel de l'actualité économique.
Consultez notre politique de gestion des données personnelles
Les plus lus – Économie & Entreprises
- Doublé par la junte au Mali, Maroc Telecom restera-t-il dans le pays ?
- Chez Itoc au Sénégal, les enfants de Baba Diao revisitent la gouvernance du groupe
- Carburant en Afrique : pourquoi les exportateurs mondiaux jouent des coudes pour a...
- « Neuf des vingt pays qui présentent les taux de croissance les plus forts au mond...
- Sénégal : à quoi doit servir la nouvelle banque de la diaspora ?