Priorité santé

Un groupe phamaceutique investit 5 millions d’euros dans la construction d’une usine de médicaments au Sénégal.

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

La société Sothema se cache derrière les hibiscus et les lauriers de Bouskhoura, à une trentaine de minutes de train de Casablanca. Mais depuis 2005, elle est également implantée à Cambérène, un quartier périphérique de Dakar. Ce laboratoire pharmaceutique à 100 % marocain (créé en 1976), le premier d’Afrique à avoir produit de l’insuline, y a construit une usine : sur un site de deux hectares, 2 000 à 3 000 m2 d’ateliers où seront fabriqués des antipaludéens, des antidiarrhéiques ou encore des traitements contre la tuberculose destinés aux marchés ouest-africains. Il faudra attendre le début de 2010 pour que l’usine fonctionne à 100 %. Si aujourd’hui elle ne tourne pas encore, Abdelilah Chebihi, directeur international de Sothema, se montre déjà très enthousiaste.
Au Maroc, Sothema est un nom connu. Ne serait-ce parce que l’un des médicaments qu’il fabrique s’appelle Cialis, l’équivalent du Viagra (à ceci près qu’il peut être efficace trente-six heures, contre quatre pour la célèbre pilule bleue) Mais aussi parce que le laboratoire dispose d’un site de fabrication de 32 000 m2, l’un des plus grands du royaume. Depuis 2005, 15 % de son capital sont cotés à la Bourse de Casablanca. Une entreprise solide.
« En 2002, je n’étais que contrôleur de gestion dans cette entreprise, raconte Abdelilah Chebihi. À l’époque, le marché pharmaceutique mondial stagnait. En traçant la stratégie 2003-2007, nous nous sommes dit que la seule solution, c’était l’international. Mais, pour nous, l’international, ce n’est pas essentiellement l’export. C’est aussi s’implanter dans un pays. » En l’occurrence le Sénégal.
« Il y a beaucoup d’intérêts à fabriquer en Afrique », avance Abdelilah Chebihi. Réalisé sur place, le produit n’est pas soumis aux aléas de l’approvisionnement ni aux ruptures de stock, fréquentes sur le continent. Son prix n’intégrant pas le coût de l’import, il est également plus accessible aux consommateurs. Et, Sothema prévoyant de fabriquer des produits génériques, les perspectives de marge sont alléchantes.
Pourquoi le Sénégal ? Outre les liens historiques et religieux entre Rabat et Dakar, l’enthousiasme d’Abdelilah Chebihi semble y être pour beaucoup. « Un jour de septembre 2002, j’étais à Dakar, se souvient-il. J’ai rencontré le professeur Mamadou Badiane [à l’époque, le directeur de la Pharmacie et du médicament du Sénégal, NDLR], qui m’a fait part de son souhait le plus cher. Au lieu d’importer 90 % de ses besoins et d’en fabriquer 10 %, j’aimerais que l’Afrique en fabrique 90 % et en importe 10 %, m’a-t-il expliqué. Ce discours m’a plu », conclut le Marocain.
Au total, Sothema aura investi 5 millions d’euros dans la construction de l’usine de Cambérène. Jusqu’à présent, 2 millions ont été dépensés pour le gros uvre. L’investissement est financé par les capitaux propres à hauteur de 30 %, le reste étant avancé par les banques. Pour 2010 (la première année où l’usine aura fonctionné à 100 %), Abdelilah Chebihi prévoit un chiffre d’affaires de 4 millions d’euros (en 2006, Sothema a réalisé un chiffre d’affaires de 56 millions d’euros ; environ 60 millions sont attendus pour 2007). « Avant, on ne pourra rien gagner », prévient-il.
Le but est de vendre la moitié de la production au Sénégal et l’autre dans le reste de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (UEMOA), en passant par un réseau de centrales d’achat et de grossistes. À terme, soixante-quinze personnes (dont sept à dix cadres), toutes de nationalité sénégalaise, seront employées par Sothema, qui aujourd’hui ne compte qu’une quinzaine de salariés au Sénégal, la force de vente essentiellement. « À Dakar, le niveau des facultés de médecine et de pharmacie est excellent », assure Abdelilah Chebihi. Ingénieurs et préparateurs passeront néanmoins tous par le centre de formation de Bouskhoura, et Sothema formera ses commerciaux. Les salaires devraient être supérieurs aux salaires moyens du Sénégal, et équivalant à ceux pratiqués au Maroc.

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