Pourquoi le procès Taylor s’enlise

L’ancien dictateur libérien bénéficie d’un nouveau report. Les audiences reprendront en janvier.

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Lorsque l’ancien président libérien, Charles Taylor, a été arrêté il y a dix-sept mois, puis, lorsque son procès a débuté, en avril dernier, beaucoup se sont écriés : « Enfin ! ». Le verdict n’est cependant pas près de tomber. Il avait été prévu que le procès devant le Tribunal spécial pour la Sierra Leone (TSSL) durerait trois ans. On parle maintenant de huit. On avait envisagé un budget de 54 millions de dollars, financé par les Nations unies et par des contributions volontaires. On parle maintenant du triple – au moins.
Taylor doit répondre de onze chefs d’inculpation pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre, à la suite des atrocités qu’il a fait commettre ou qu’il a tolérées au cours de la guerre civile qui a ensanglanté le Liberia dans les années 1990. Il plaide non coupable.
La première explication de cet enlisement est que le Tribunal spécial, installé à Freetown, en Sierra Leone, a transféré Taylor à La Haye, aux Pays-Bas, tout est évidemment plus cher : coût des locaux, hébergement et frais de déplacement du personnel ainsi que des témoins. Les pays qui ont travaillé à la création du TSSL craignaient que la tenue du procès à Freetown ne mette en péril la stabilité de la sous-région.

Autre explication : les diverses manuvres dilatoires de Taylor lui-même. Bien que ses pillages lui aient certainement permis d’amasser une énorme fortune, il se prétend indigent. Le jour d’ouverture de son procès, il est resté dans sa cellule. Depuis, il a récusé l’avocat commis d’office, Karim Khan, et en a engagé un nouveau, Courtenay Griffiths. À la réouverture du procès, le 27 août, le nouveau défenseur de l’ancien dictateur a demandé un report de quatre mois pour examiner les 40 000 pages de dépositions recueillies jusqu’à présent et les 50 000 pages des archives personnelles de Taylor. Le procès a donc été suspendu et ne doit reprendre qu’en janvier.
Taylor a obtenu non seulement ce report, mais aussi le doublement de l’allocation qui lui est accordée pour sa défense, qui est passée à 70 000 dollars par mois. S’y ajoutent 30 000 dollars pour payer les enquêteurs et le loyer des bureaux des avocats.
On tente, parallèlement, de retrouver la trace des fonds expatriés de Taylor. Quinze millions de dollars appartenant à ses associés ont été gelés en Grande-Bretagne, en France, au Liban, en Égypte et aux États-Unis. Reste à prouver qu’ils sont bien des hommes de paille de Taylor.

la suite après cette publicité

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires