Non, pas Strauss-Kahn !

Pour le Financial Times, l’élection du futur directeur général du FMI doit être ouverte à des candidats de tous horizons.

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Il est déprimant de constater qu’un directeur exécutif russe peut se montrer plus raisonnable sur l’avenir du Fonds monétaire international (FMI) que l’Union européenne (UE). C’est pourtant ce qu’a fait Aleksei Mozhin lorsqu’il a critiqué la décision de l’UE d’imposer l’ancien ministre français des Finances Dominique Strauss-Kahn comme directeur général du FMI. Seuls ceux qui veulent déconsidérer le Fonds peuvent se réjouir d’une telle décision. Ce n’est pas le bon candidat, et il n’a pas été désigné de la bonne manière.

Mozhin avait raison de dire que « le FMI traverse une grave crise de légitimité ». Il affirmait à juste titre qu’il faut choisir le meilleur candidat « si l’on veut que l’institution garde son prestige dans les pays en développement. Il avait raison de souligner que la biographie de Strauss-Kahn ne montre pas qu’« il a les qualifications nécessaires pour occuper ce poste ».
Étant donné que les réserves mondiales de devises étrangères représenteront bientôt vingt fois les réserves du Fonds, le temps où celui-ci pouvait imposer ses quatre volontés aux pays importants est révolu. Ses seuls atouts sont la légitimité politique et son autorité intellectuelle. C’est là-dessus que reposent la crédibilité de sa surveillance, la valeur de ses conseils et son efficacité d’honnête courtier.
Le Fonds a donc besoin d’un directeur intellectuellement crédible. Mais personne ne peut prétendre que Strauss-Kahn soit le candidat le mieux qualifié du monde par son expérience, ses qualités intellectuelles ou sa formation. Son obstination à considérer que combler le fossé entre les riches et les pauvres doit être l’une de ses priorités le montre bien. La stabilité macroéconomique est la responsabilité du FMI. Strauss-Kahn semble penser qu’il est candidat à la présidence de la Banque mondiale, poste qui est de nouveau occupé par un candidat américain. Et en plus, même si Strauss-Kahn était le candidat idéal, la méthode de sélection invaliderait sa présidence.
Les pays émergents ne comprennent plus pourquoi ce sont des Européens qui devraient les prendre en main en cas de crise comme si leurs anciens empires existaient encore. Le FMI est ou bien une institution mondiale dont le patron est choisi par le monde entier, ou bien la manifestation d’une volonté de l’Europe de s’accrocher à toutes les miettes de son prestige et de son pouvoir. Dans ce dernier cas, le Fonds n’aura plus aucune légitimité.

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Le pire de tout est qu’on ne défend aucun intérêt véritable en imposant au Fonds un homme qui n’est ni qualifié ni légitime. L’obstination de l’Europe à vouloir faire respecter le vieux partage du FMI et de la Banque mondiale avec les États-Unis est aussi prétentieux qu’absurde. Les seuls intérêts que l’on sert sont ceux des politiciens qui veulent préserver un droit du seigneur depuis longtemps aboli. Les pays en développement doivent voter par principe contre cette nomination. Les pays développés peuvent encore la décrocher. Mais ce sera une victoire à la Pyrrhus.

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