L’heure des comptes a sonné

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Dès sa prise de fonctions à la tête de Renault, Carlos Ghosn avait joué cartes sur table : « Oui, nos ventes vont connaître un trou d’air dû à un retard dans le renouvellement de la gamme. Mais le plan Renault 2009 basé sur plusieurs lancements de modèles, nous permettra de les augmenter de 800 000 unités. » Il avait fixé une date intermédiaire : inflexion de la courbe fin 2007, grâce au lancement des Twingo II et Laguna III.
Fin 2007, nous y sommes. La première partie des prédictions s’est avérée. Après avoir battu son record en 2005 (2,5 millions d’unités), Renault a dérapé en 2006 : 2,3 millions (- 10 %). Le cru 2007 s’annonce du même vinaigre : – 12 % en Europe sur les six premiers mois. La Twingo II est sortie fin juin, et ce modèle n’a jamais véritablement franchi les frontières de la France. La Laguna III viendra mi-octobre. La messe est dite : l’exercice 2007 sera marqué par un nouveau recul. Mais il suffirait au bonheur de Carlos Ghosn que la tendance s’inverse sur les derniers mois de l’année.
Sur les critères objectifs, la Laguna est remarquablement bien née. Son tableau de bord est élégant. Matériaux apparents et assemblages ne souffrent pas le moindre reproche. Son comportement routier n’appelle que l’éloge : agilité, précision, pas de roulis. Son prix est contenu : 21 500 euros en entrée de gamme (1,6 l, 110 ch), soit un peu plus bas qu’une Peugeot 407. De surcroît, les ingénieurs de Renault ont réalisé un exploit : quoique plus longue de 9 cm que sa devancière, la nouvelle Laguna (4,70 m) pèse 15 kg de moins.
Mais sur le terrain du design, la Laguna III soulève une question : quel est l’argument différenciant de Renault, et, par là, son identité ? Twingo et Laguna en témoignent, Carlos Ghosn a fait vu de rationalité. Il veut un design accepté de tous. Résultat : profil agréable, mais face avant mièvre. À ces deux modèles, il manque une calandre forte, une sorte de signature stylistique qui de loin identifie une Renault. BMW, Mercedes et Audi l’ont trouvée. Alfa Romeo, Peugeot et Citroën aussi. Peugeot mise sur le dynamisme des lignes, BMW sur le brio, VW et Audi sur la qualité de finition, Mercedes sur la robustesse, Alfa sur le charme. Son identité visuelle, Renault la cherche encore.
Le constructeur français a une histoire : audacieux, moderne, parfois visionnaire. Il y eut forcément des échecs : R14, R17, Avantime, Vel Satis, Modus. Ils sont gommés par les succès : R4, R16, Espace, Twingo I, Mégane. Renault n’a jamais été un fleuve tranquille, mais ainsi s’est construite la marque. Avec Louis Schweitzer, Renault avait trouvé l’oiseau rare : un joueur d’origine suisse et protestante. Modus et Vel Satis peuvent être versés à son débit. En contrepartie, il a racheté Nissan, lancé la Dacia Logan low-cost. Ghosn est d’un autre métal. Peut-être faut-il qu’un gestionnaire succède à un joueur pour assurer le succès d’un constructeur. Les chiffres de vente le diront vite.

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