Guinée – Mohamed Béavogui : « Nous ne pouvons pas affamer les Maliens »
Priorités du gouvernement, relations entre Conakry et Bamako, état de l’ancien président Alpha Condé… Le Premier ministre de la transition guinéenne répond aux questions de Jeune Afrique.
Guinée : démocratie en apnée
Les institutions provisoires sont en place. L’activité économique se maintient. Mais tant que le calendrier fixant le retour des civils au pouvoir n’est pas établi, le pays tout entier retient son souffle.
Depuis sa nomination le 6 octobre, les relations de Mohamed Béavogui avec son patron n’ont pas toujours été au beau fixe. Le Premier ministre de la transition guinéenne s’était lui-même plaint publiquement de ne pas avoir été associé à certains arbitrages de Mamadi Doumbouya et du Comité national du rassemblement pour le développement (CNRD). Il le reconnaît d’ailleurs : « On ne peut forcer l’armée à prendre ses décisions comme le feraient des civils. » Pour autant, l’homme n’entend pas quitter son poste, en dépit de ce qu’annonçaient les rumeurs.
Après des années de carrière à l’étranger, ce spécialiste du développement a pris à bras le corps les défis posés par la transition. Désolé de voir son pays aux prises avec certains de ses partenaires, le locataire du palais de la Colombe le martèle : « La Guinée n’est pas un petit pays pauvre. » Mais pas question, pour l’instant, de revoir les conventions minières signées sous Alpha Condé : la junte s’y est engagée lorsqu’elle a pris le pouvoir le 5 septembre. Mohamed Béavogui entend tout mettre en œuvre pour que ces contrats soient respectés, ce qui permettra d’augmenter les recettes fiscales du pays. Il rêverait aussi de créer un fonds d’investissement pour financer son programme.
Enfin, s’il faut assainir l’économie et lutter contre l’impunité, le Premier ministre n’ignore pas que les priorités sur lesquelles les Guinéens l’attendent sont aussi politiques : élaborer une nouvelle Constitution avec le Conseil national de la transition (CNT, l’organe législatif), la faire adopter par référendum et organiser des élections pour transmettre le pouvoir à un régime civil.
Jeune Afrique : Dans quel état avez-vous trouvé le pays à votre arrivée à la primature ?
Mohammed Béavogui : J’ai d’emblée réalisé que l’administration publique marchait sur la tête et qu’il y avait du nettoyage à faire. Par exemple, le fichier du nombre de fonctionnaires était différent de celui des soldes : les salaires n’étaient pas versés sur la base des gens recrutés – sur 117 000 fonctionnaires, 14 000 personnes étaient payées à ne rien faire.
Les ressources étaient là, mais où était passé l’argent ?
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Les institutions provisoires sont en place. L’activité économique se maintient. Mais tant que le calendrier fixant le retour des civils au pouvoir n’est pas établi, le pays tout entier retient son souffle.
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