De père en fils

Favorisés par l’amitié entre le président Bongo Ondimba et le roi Hassan II, les rapports entre Rabat et Libreville restent très étroits.

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Le roi du Maroc a ses habitudes à Libreville. Mohammed VI aime prendre quelques jours de vacances, à la Pointe-Denis, où il possède une propriété. Vieille de près de quarante ans, l’amitié entre le Maroc et le Gabon est d’abord une affaire de famille. Tout commence à la fin des années 1960. À cette époque, le royaume chérifien aspire déjà à jouer un rôle diplomatique en Afrique. Avec l’Ivoirien Félix Houphouët-Boigny, le Zaïrois Mobutu Sese Seko, le Sénégalais Léopold Sédar Senghor et le Gabonais Omar Bongo Ondimba, Hassan II est l’un des chefs de file du camp des modérés. Et aussi l’un des meilleurs alliés de la France. Au fil de leurs rencontres, Hassan II et Omar Bongo Ondimba se lient d’une amitié indéfectible. Issus de la même génération, le prince héritier, Sidi Mohammed, et Ali Ben Bongo, fils aîné du chef de l’État gabonais et actuel ministre de la Défense, deviennent à leur tour complices.
À partir de 1975, Rabat est critiqué par l’Organisation de l’unité africaine (OUA) sur sa politique au Sahara occidental. Le Maroc a alors besoin d’alliés sûrs, et la voix du Gabon ne lui fera jamais défaut. Le soutien de Libreville devient encore plus précieux après 1984, lorsque Hassan II, excédé par l’admission à l’OUA de la République arabe sahraouie démocratique (RASD, émanation du Front Polisario), décide de quitter l’organisation panafricaine.
La coopération entre les deux pays s’ébauche d’abord dans le domaine sécuritaire. Le président Bongo, conseillé par Hassan II, intègre des officiers marocains à sa garde rapprochée. Les prestigieuses académies militaires chérifiennes accueillent nombre de stagiaires gabonais, et le Maroc offre des bourses aux étudiants librevillois. Les accords d’assistance technique couvrent aujourd’hui un champ très large, qui va du tourisme à l’énergie en passant par la formation professionnelle et les travaux d’infrastructures. La commission mixte de coopération maroco-gabonaise, instituée en 1980, se réunit régulièrement.
De solides liens économiques se sont développés dans le sillage des relations politiques et de coopération. Dans le transport aérien, la compagnie Royal Air Maroc (RAM), un temps candidate au rachat d’Air Gabon, dessert le pays depuis plusieurs années et ne compte pas moins de cinq vols par semaine entre Casablanca et Libreville.
Dans le secteur bancaire, Othman Benjelloun, le patron du groupe BMCE Bank, a annoncé en 2006 son projet d’ouvrir une filiale de sa banque d’affaires, BMCE Capital, à Libreville, en association avec la BGFI Bank. Malgré cela, les échanges commerciaux ne reflètent pas les possibilités offertes par les deux pays. Gabonais et Marocains sont tombés d’accord pour encourager la participation des entreprises chérifiennes aux grands projets d’infrastructures gabonais. Et vice versa. D’ailleurs, c’est le groupe gabonais Satram (Société d’acconage de transport et manutention) qui a remporté le 25 juin dernier l’appel d’offres pour la reprise de l’entreprise marocaine Drapor (Dragages des ports). Satram versera 327,6 millions de dirhams (29,3 millions d’euros) pour prendre le contrôle du premier opérateur de dragage des ports marocains.

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