Cap au sud

La compagnie publique marocaine tisse sa toile et Casa s’impose comme un hub incontournable entre le continent et l’Europe de l’Ouest

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 2 minutes.

Dakar, Conakry, Bamako, Lomé, Cotonou, Douala, Libreville Depuis la fin des années 1990, Royal Air Maroc (RAM) tisse petit à petit sa toile en Afrique subsaharienne en créant des liaisons directes entre le Maroc et les capitales du continent. En 2006, deux nouvelles lignes ont été ouvertes, vers Accra et Brazzaville. En 2007, c’est le tour de Malabo en Guinée équatoriale et, dernière inauguration en date, le 24 juin, Freetown, en Sierra Leone. Aujourd’hui, la RAM dessert quinze métropoles subsahariennes et, bien qu’elle ne laisse rien filtrer de ses projets, il semblerait que la compagnie n’entende pas s’arrêter là.
Parallèlement, la fréquence des vols augmente : Casa-Dakar deux fois par jour, Casa-Nouakchott cinq fois ?par semaine, Casa-Ouaga trois fois par semaine, Casa-Niamey deux fois par semaine Pour les nouvelles lignes, les fréquences s’établissent aux alentours de trois vols hebdomadaires. Le poumon économique du royaume commence à s’imposer comme un point de passage entre l’Europe et le sud du Sahara, un hub dans le jargon aérien : au départ de Casablanca, le voyageur en provenance d’Afrique subsaharienne peut atteindre 250 destinations dans le monde. Suivant l’augmentation du nombre de lignes, le trafic progresse : la RAM estime qu’en 2007 elle aura transporté 600 000 passagers vers le sud du Sahara, contre 500 000 environ en 2006 et 300 000 en 2005.
Aller vers le sud : c’est ainsi que la compagnie publique diversifie ses activités et occupe la place laissée vide par la disparition, en 2002, du transporteur Air Afrique. En 2005, l’année de référence la plus récente, l’Afrique subsaharienne représentait 20 % de son chiffre d’affaires total. Mais aller vers le sud, c’est aussi le moyen pour le Maroc de construire une ossature indispensable à la réalisation des desseins diplomatiques royaux – se rapprocher de l’Afrique subsaharienne – et au développement des entreprises marocaines au sud du Sahara. Qu’ils travaillent dans la banque ou les travaux publics ou l’exploitation forestière, les patrons marocains s’accordent tous sur ce point : sans la RAM, pas de développement au Gabon, au Sénégal, en Mauritanie et ailleurs.
Pour mieux s’imposer en Afrique subsaharienne, la RAM a acquis, en 2001, 51 % du capital d’Air Sénégal International (ASI), le reste étant détenu par l’État sénégalais. Mais après avoir tenté, en août 2006, une opération semblable avec Air Mauritanie, la compagnie nationale mauritanienne, elle, s’est retirée. Candidate malheureuse à la reprise d’Air Gabon, pavillon national privatisé en 2006, la RAM n’est pas non plus parvenue à se doter d’une filiale en Afrique centrale. Elle a pourtant essayé à plusieurs reprises : pressentie pour devenir le partenaire stratégique d’Air Cemac, compagnie destinée à renforcer la desserte aérienne des États membres de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale (Cemac), elle a finalement jeté l’éponge l’an dernier. Il est vrai que le projet n’a pas recueilli l’adhésion unanime des six pays concernés. Si, pour la RAM, l’heure n’est manifestement pas aux filiales, elle est bien à celle de l’Afrique.

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