Abdelilah Benkirane
Député, directeur d’Attajdid, une publication proche du PJD, président du Conseil national et membre du secrétariat général de la formation islamiste.
Jeune Afrique : Quels sont vos objectifs ?
Abdelilah Benkirane : Nous espérons récolter entre 25 % et 30 % des suffrages, donc doubler notre score de 2002.
Comment expliquez-vous la progression de votre audience ?
Posez la question aux électeurs ! J’ai le sentiment que, plus on nous matraque, plus on nous dénigre, plus on nous diabolise, plus les Marocains nous témoignent de la sympathie. Les gens ne sont pas dupes
Quel sera l’axe principal de la campagne du PJD ?
Au Maroc il y a un problème principal, c’est al Façad, ce mot arabe sans équivalent en français, qui désigne à la fois la corruption des murs, des mentalités, des pratiques politiques, et aussi la dégradation de la moralité publique et privée, car les deux vont ensemble. C’est vrai que nous portons un référentiel islamique, mais nous sommes aussi conscients que le peuple va d’abord voter pour nous pour signifier son rejet de la corruption et son aspiration à un mieux-vivre. Le vote PJD n’est pas un vote religieux, et le PJD n’est pas un parti religieux.
Quel jugement portez-vous sur le gouvernement ?
Driss Jettou a été un bon Premier ministre. J’ai beaucoup d’estime pour lui. Le problème de ce gouvernement n’est pas son chef, mais son « intention secrète ». Il a été conçu pour contrer le PJD.
Vous étiez favorables, dès 2002, à une participation au gouvernement. Quel niveau de représentation serait, pour vous, « le minimum acceptable » cette année si votre parti arrive en tête ?
Je ne peux pas vous répondre, tout simplement parce qu’après les élections la situation va se décanter. Aujourd’hui, c’est front commun contre nous. Mais demain ? Évidemment, si notre parti est premier – ou, au pire, deuxième -, on ne va pas se contenter de petits ministères
Quel est l’objectif stratégique d’une participation à l’exécutif ? Gouverner, ou faire de la pédagogie, habituer les acteurs politiques à votre présence sur l’échiquier ?
[Rires] Vous réfléchissez d’une façon très PJD ! C’est bien de la deuxième option qu’il s’agit, effectivement. Nos cadres sont des gestionnaires sérieux, compétents, et nous aspirons d’abord et avant tout à une normalisation de notre statut.
Est-ce que, selon vous, le Premier ministre doit être un politique issu de la future Chambre ?
Nous pensons que Sa Majesté nommera un politique. Mais si elle choisit le Premier ministre au sein du parti arrivé en tête, ce sera dans l’ordre des choses. Si elle choisit une autre personne, ce sera pour de bonnes raisons, et au PJD, nous ne nous interdisons pas cette éventualité, nous sommes tout à fait prêts à discuter avec un Premier ministre technocrate.
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