Abdallahi organise ses troupes

Publié le 4 septembre 2007 Lecture : 3 minutes.

La rumeur circulait depuis le mois de juin : Sidi Ould Cheikh Abdallahi, en mal de majorité organisée à l’Assemblée, s’apprêterait à favoriser la création d’un parti. Depuis le 26 août, plus de doute possible sur les intentions du président. Dans un hôtel de Nouakchott, le ministre secrétaire général de la présidence, Yahya Ould Ahmed Waghef, souligne ce jour-là devant un aréopage de personnalités publiques « la nécessité d’organiser rapidement les soutiens politiques du président de la République et de son gouvernement dans un cadre politique ».
Soutenu pendant la campagne présidentielle par la quarantaine de députés « indépendants » que compte la chambre basse du Parlement, puis rallié, entre les deux tours de l’élection, par le camp de l’actuel Premier ministre, Zeine Ould Zeidane, ainsi que par l’Alliance populaire progressiste (APP) de Messaoud Ould Boulkheir – devenu entre-temps président de l’Assemblée nationale -, Sidi Ould Cheikh Abdallahi ne peut se revendiquer d’un courant politique identifié en Mauritanie. Pas plus que son gouvernement, dont l’essentiel des membres n’affiche pas d’étiquette partisane apparente, le successeur d’Ely Ould Mohamed Vall ayant opté pour une équipe de technocrates. Un choix qui, à plusieurs reprises depuis leur entrée en fonctions, s’est révélé embarrassant pour le chef de l’État et ses ministres. Quand, au mois de juin, les coupures d’eau et d’électricité paralysent quotidiennement Nouakchott, les critiques de l’opposition, organisée, pleuvent sur l’exécutif. Faute de relais politique, lui et ses partisans ne peuvent se défendre d’une seule voix. Dans l’Hémicycle, difficile aussi de faire passer certains textes de loi. « Selon les circonstances, certains députés indépendants sont capables de changer de camp, analyse un homme politique à Nouakchott. Il faut un cadre pour empêcher ce nomadisme. »
Pour le moment, on ne connaît pas encore le nom de baptême de ce « cadre ». Mais ce sera un parti. Créées par des personnalités ayant soutenu le chef de l’État pendant la campagne, trois commissions – politique, de contact, de communication – planchent sur sa création depuis quatre mois. Sa date de naissance officielle est encore inconnue, mais un des initiateurs assure que « le dossier sera déposé au ministère de l’Intérieur en septembre ». L’essentiel est surtout de savoir qui en seront les membres : les députés indépendants, bien sûr ; les partisans du Premier ministre lorsqu’il était candidat à la présidentielle, également ; mais aussi, pourquoi pas, quelques-uns des membres des formations qui ont soutenu le chef de l’État, le Rassemblement pour la démocratie et l’unité (RDU) ou encore le Parti républicain pour la démocratie et le renouveau (PRDR). Mais le parti n’est pas encore né que des dissensions se dessinent déjà. Redoutant les ferments d’éclatement, certains veulent le cantonner aux députés indépendants et au projet politique du chef de l’État, quand d’autres rêvent d’une formation élargie.
Encore vivace, le souvenir du Parti républicain démocratique et social (PRDS), le parti-État dirigé par le président Maaouiya Ould Taya, renversé le 3 août 2005, remonte aussi à la surface. Bien sûr, « Sidi » n’enfreindra pas la Constitution en dirigeant la formation actuellement en gestation. Certains de ses fondateurs donnent également de nombreuses garanties sur la volonté du chef de l’État, qui s’est toujours présenté comme un démocrate, de préserver la pluralité politique. Mais, comme le fait remarquer un observateur, « en Mauritanie, tout le monde veut aller là où est le président ».

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