Vos lettres ou courriels sélectionnés

Que faire de nos dictateurs ?
– Dans J.A. n° 2372, B.B.Y écrit que, à ce stade de l’histoire africaine, il ne voit aucun pays démocratique du continent susceptible de juger lui-même son dictateur tout en lui garantissant un procès contradictoire et équitable. Comment juge-t-il alors le procès de Moussa Traoré qui a eu lieu au Mali, pays dont il fut le président de 1968 à 1991 ? N’était-il pas « contradictoire et équitable » ?
Malobbo Diagayété, Lind, Allemagne

Réponse : Vous n’avez pas tort de rappeler que le Mali a jugé assez correctement, par des juges maliens et sous la loi malienne, son ancien dictateur. Mais Moussa Traoré, dont vous savez qu’il est aujourd’hui libre et vit au Mali même, n’était, si je puis dire, qu’un dictateur ordinaire renversé par son armée et ses anciens camarades pour excès de pouvoir. Il ne s’était pas rendu coupable de crimes contre l’humanité et n’a pas fui son pays, comme Taylor, Habré ou Mengistu. D’autres pays africains ont jugé sur leur sol et emprisonné leur ancien chef de l’État : la Centrafrique, par exemple.
B.B.Y.

Lavons notre linge sale en Afrique
– Pour notre dignité d’Africains, je demande à ce que notre linge sale soit lavé entre nous et à ce que nos ex-dirigeants accusés de crimes et d’atrocités contre leur peuple soient jugés en terre africaine. Bob Denard, qui a du sang africain sur les mains, a-t-il été jugé en Afrique ? Non, en France. La Belgique accepterait-elle de juger en Afrique, fût-ce à titre posthume, le roi Léopold II pour ses crimes dans les ex-colonies ? Évidemment, non ! Peut-on juger l’Occident colonial pour ses crimes humains (esclavage), écologiques (déforestation, pillage des richesses du sol) et culturels – fût-ce symboliquement – en terre africaine ? Évidemment, non ! Il est temps que le Nègre relève la tête et assume sa dignité. Fini le temps des zoos humains.
Chams Ennaïfar, Remada, Tunisie

Le cahier de la sagesse
– Je suis une Guinéenne de 23 ans, étudiante en première année de BTS informatique de gestion à l’Institut Kofi-Annan. J’aime bien la rubrique « Humour, saillies – et sagesse » de Jeune Afrique. J’ai un cahier spécial pour noter ce type de pensées quand je lis un livre ou regarde un film. Voici quelques extraits : « Cherche bien dans le désert de ton malheur et tu finiras bien par y trouver une oasis » ?(La Vie de Mahomet, roman). « La confiance que je porte aux gens qui m’entourent ne doit en aucun cas m’empêcher de garder un il sur eux » et « Le temps change le comportement, et le comportement peut changer la vie » (Xena, la guerrière, série TV diffusée sur M6)
Boh Saran Koulibaly, Guinée

Réussir au bac grâce à « Jeune Afrique »
– Au regard du bien que B.B.Y et toute son équipe ont fait pour moi, je ne peux me taire. En effet, n’ayant pas les moyens de vous lire au moment de la parution du dernier numéro de Jeune Afrique, je me contente de faire la collecte de journaux déjà datés auprès de certains établissements. Ensuite je les lis tout en prenant des notes. Et ce depuis 2001. Je vous assure que cela m’a beaucoup aidé. D’ailleurs, j’ai obtenu le BEPC sans problème et le baccalauréat sans grand effort. Aujourd’hui, j’étudie l’histoire et l’archéologie à l’université de Ouagadougou. Il est temps de remercier mes bienfaiteurs, et je ne saurais vous oublier, « l’ingratitude étant une insulte aux bienfaits ».
Lorsque je consulte le menu de J.A., j’ai aussitôt faim de le lire. Les différents plats étant ma nourriture politique, culturelle, historique (« Ce jour-là ») et bien d’autres. Je ne suis pas de ceux qui couvrent d’éloges n’importe qui. Si je le fais à votre égard, c’est que vous le méritez. Si toutefois la nécessité exigeait qu’on vous critique, je serai encore là pour le faire.
Hermann Dembele, Ouagadougou, Burkina Faso

L’arme universitaire
– Une université africaine commune (voir courrier de Samir Doghri « Un campus modèle pour Kadhafi », J.A. n° 2369) coûterait beaucoup moins cher qu’une armée africaine commune. Qu’en pense Kadhafi ?
Dolède Fantar, Soliman, Tunisie

Kadhafi et la postérité
n J’ai été séduite par la proposition d’un de vos lecteurs faite au guide de la Libye de fonder une université panafricaine. Le roi Hassan II du Maroc a fondé une école où étudient, avec les princes chérifiens, les meilleurs éléments du royaume. Je sais aussi que le roi Abdallah de Jordanie construit actuellement un lycée sur le modèle de celui qu’il a fréquenté aux États-Unis pour former une élite d’hommes et de femmes issus de tout le Moyen-Orient.
Fonder une université panafricaine, quelle belle idée ! Et quelle aubaine pour les jeunes africains et pour l’avenir du continent ! Kadhafi, le chantre de l’Union arabo-africaine et grand accoucheur d’idées devant l’Éternel, est en mesure de concrétiser ce projet et de le financer. Un projet qui lui garantira la bénédiction des générations futures et la postérité.
Amel Daâb, Sidi Thabet, Tunisie

Jeanne d’Arc et Saddam Hussein au bûcher
– Ceux qui connaissent l’histoire et surtout les circonstances du décès de la pucelle d’Orléans pourront s’amuser comme moi à faire le rapprochement avec la mésaventure en cours du raïs :
Même si la statut de Jeanne d’Arc est toujours là, tous deux, personnages historiques, furent chefs de guerre originaires de petits villages (Tikrit et Domrémy) et l’on sait qu’à 12 ans Jeanne gardait les moutons ; le Raïs, lui, s’en cacherait.
À Jeanne qui disait être guidée par « des voix du ciel » feraient écho les prétendues origines nobiliaires de Saddam qui remonteraient paraît-il jusqu’au temps du prophète Mohammed.
Lorsque Jeanne d’Arc fut capturée en 1431, on l’emprisonna à Rouen sous garde anglaise au cours de son long procès. Lequel procès était régi par un tribunal français à la solde des Anglais qui réclamaient la peine capitale pour la « sorcière ». Les forces de la coalition n’en exigeront pas moins pour l’ancien maître de l’Irak.
À l’époque, la France, en grande partie occupée par les Anglais qui en convoitaient les terres, était divisée entre Bourguignons partisans des envahisseurs et Armagnacs restés fidèles au roi. Situation assez proche de celle de l’Irak d’aujourd’hui.
L’épopée de Jeanne d’Arc ayant marqué la chronique de la guerre de Cent Ans (1337-1453), celle de Saddam Hussein aura marqué la chronique de la guerre du Golfe. Reste à savoir si celui-ci sera condamné à mort et exécuté – même si l’on peut dire qu’il a déjà été brûlé vif – et s’il se révélera à la postérité.
Zied Bakir, Sfax, Tunisie

Koulibaly est un messie
– Je réagis à l’article sur Mamadou Koulibaly, président de l’Assemblée nationale de Côte d’Ivoire, intitulé « Cet homme est-il dangereux ? » J.A. semble de plus en plus jouer le mercenariat intellectuel au détriment de son indépendance d’antan. La question posée par J.A. sur Koulibaly est une parodie d’un aveu hypocrite de diffamation. Mon chagrin vient du constat que des journalistes africains s’inscrivent égoïstement dans un nouvel ordre mondial antitiers-mondiste, où le bien et le mal ont des interprétations inversées, où l’ONU est réquisitionnée et transformée en ministère des Affaires extérieures du G-5 et où le terrorisme est, dans les pays du Nord, un crime qui mérite une guerre préventive et, en revanche, une « Force nouvelle » dans les pays du Sud au service du terrorisme d’État occidental. Attention, Jeune Afrique, l’Afrique nouvelle n’est plus jeune. Elle a beaucoup changé. Ne soyez pas à la traîne !
Dr Antoine Ahua Jr, Québec, Canada

Sarkozy a raison sur l’immigration
– Nicolas Sarkozy a raison pour sa politique d’immigration et sa manière d’apprécier les relations France-Afrique. Seules les conditions d’entrée en France pour les séjours de moins de trois mois pour les francophones doivent être allégées. Je n’ai jamais compris pourquoi certains États sont si heureux d’avoir des millions de leurs ressortissants à l’étranger. Les dirigeants de ces États doivent créer les conditions pour que leurs concitoyens soient heureux de rester chez eux.
Jean-Marie Akpwabot, Abidjan, Côte d’Ivoire