Centrafrique : après Touadéra, la guerre des « ex » entre Dondra, Ngrebada et Sarandji ?

Après avoir démissionné du poste de Premier ministre, Henri-Marie Dondra a les yeux rivés sur la présidentielle de 2026 – Touadéra ne pouvant théoriquement pas se représenter. Mais ses prédécesseurs, Firmin Ngrebada et Simplice Mathieu Sarandji, partagent la même ambition.

De g. à d. : Firmin Ngrebada, Faustin-Archange Touadera, Simplice Sarandji, Henri-Marie Dondra. © Montage JA, AFP; Bruno Lévy pour JA

MATHIEU-OLIVIER_2024

Publié le 21 février 2022 Lecture : 6 minutes.

Le ton est monté, jusqu’au point de non-retour. Le 3 février, après une conversation téléphonique des plus houleuses avec le président Faustin-Archange Touadéra, Henri-Marie Dondra ne décolère pas. Celui qui est encore Premier ministre peste contre l’entourage du chef de l’État, qu’il estime ligué contre lui. L’homme est impulsif. Il décide de déposer immédiatement sa démission à la présidence de la République, et ajoute dans le même temps qu’il souhaite quitter le Mouvement cœurs unis (MCU), le parti au pouvoir. Henri-Marie Dondra n’a pas encore fait une croix sur son poste, mais il cherche à forcer Touadéra à lui renouveler sa confiance.

Seuls quelques collaborateurs sont mis au courant de ce coup de poker. Pour réussir, l’initiative doit rester secrète. Hélas, elle sort au grand jour et est relayée par la presse quelques jours plus tard. Le 7 février, le président – qui semblait tenté par le maintien de son Premier ministre – se retrouve dos au mur. Dès la réception de la démission quatre jours plus tôt, il avait expressément demandé à Dondra que celle-ci soit tenue secrète pour se donner le temps de la réflexion. Faustin-Archange Touadéra se sent trahi. Des proches conseillers lui conseillent d’accepter la démission et de faire preuve d’autorité. Le patron acquiesce. Henri-Marie Dondra est remercié. Quelques jours plus tard, l’ex-chef de gouvernement officialise comme prévu son départ du MCU.

Le talon d’Achille de Dondra

« C’est un nouveau départ politique pour lui », estime un ancien ministre qui le connaît bien. Car Henri-Marie Dondra n’a pas dit adieu à ses ambitions politiques. « C’est un secret de polichinelle : il vise la présidence lors de la prochaine élection, en 2026 », poursuit notre source. À 55 ans, l’intéressé ne manque pas d’atouts. Il est à la tête d’une fortune personnelle, notamment acquise dans le secteur de la construction, qui fait des envieux, au point que nombre de détracteurs ne manquent pas de douter de la légalité de son origine. « C’est son grand atout mais également son talon d’Achille. Depuis qu’il a montré ses ambitions pour la présidence, certaines affaires lui collent à la peau », explique un proche du gouvernement.

Ses adversaires espèrent que les accusations de malversations vont le freiner ou l’abattre

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