Tabagisme pas si passif que ça

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Le ministre de la Santé américain, le chirurgien Richard Carmona, a décidé de lancer une grande campagne d’information du public et de sensibilisation des membres du Congrès sur les risques que représente le tabagisme passif. Il estime que les mesures de protection actuelles sont largement insuffisantes pour protéger efficacement les non-fumeurs des maladies cardiaques et des risques de cancer liés à l’absorption de nicotine. Pourtant, les Américains sont beaucoup plus en avance que les Européens en matière d’application des lois anti-tabac et l’on mesure le gouffre que ces derniers ont à combler pour garantir la santé publique.
Depuis 1986, des centaines d’études scientifiques ont été menées à travers le monde et toutes sont arrivées aux mêmes conclusions : les risques liés à l’absorption involontaire de fumée sont plus importants qu’on ne l’avait estimé au départ. Le Dr Carmona est catégorique : tous les efforts faits pour séparer, à l’intérieur d’un même local, fumeurs et non-fumeurs sont vains. La ventilation ne fait que déplacer le nuage et le répartir, souvent de façon invisible et imperceptible, sur l’ensemble des parties communes. La moindre inhalation est potentiellement dangereuse, en particulier chez les personnes sensibles du cur ou des poumons. Le phénomène est actuellement responsable de dizaines de milliers de morts prématurées.
Chez les adultes qui vivent ou travaillent auprès de fumeurs, le risque de maladie cardio-vasculaire est augmenté de 25 % à 30 % et celui de cancer, de 20 % à 30 %. Aux États-Unis, une étude menée en 2005 a dénombré 46 000 infarctus et 3 000 cancers du tabac chez des non-fumeurs, ainsi que 430 morts subites du nourrisson directement liées à cette cause. Ce risque est doublé chez les enfants dont les mères ont été exposées à la fumée durant leur grossesse et chez ceux qui ont respiré la cigarette, à la maison, dans leurs tout premiers jours.

Il est tout de même à noter que les mesures de prévention, particulièrement strictes aux États-Unis, ont une certaine efficacité, puisque le taux de cotinine – la forme que prend la nicotine lorsqu’elle est métabolisée par l’organisme – a chuté de 75 % chez les adultes entre 1999 et 2002, par rapport aux résultats des mêmes tests effectués dix ans auparavant sur le même échantillon de population.
En France, une loi est à l’étude, qui prévoit l’interdiction totale de fumer dans les lieux publics, les bureaux, cafés, restaurants, administrations, établissements scolaires, etc. Une mesure qui viendrait renforcer la loi Evin de 1991 en matière de lutte antitabac. En Irlande, ce texte existe depuis 2004, mais sa mise en pratique pose de nombreux problèmes d’aménagement des locaux collectifs et de cohabitation harmonieuse entre les amateurs de tabac et les autres, en particulier dans les pubs. Les premières réactions au projet français montrent clairement la résistance d’une partie de l’opinion publique. Pourtant, ainsi que le démontre le Dr Carmona, seule l’absence totale de fumée dans l’atmosphère respirée peut garantir au non-fumeur sa sécurité.

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