À qui profite le Mondial ?

Avant même que ne se joue la finale de la Coupe du monde, certains ont déjà raflé la mise. Et savourent une victoire sonnante et trébuchante.

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Le 9 juillet prochain à Berlin, les heureux vainqueurs de la Coupe du monde 2006 auront le privilège de brandir le fameux trophée de 5 kg en or massif. L’équipe championne du monde se verra également remettre un chèque de 15,5 millions d’euros.Mais avant même que ne se joue la finale, certains ont déjà raflé la mise. Et savourent une victoire sonnante et trébuchante.
Le vainqueur incontestable du Mondial 2006 n’est autre que la toute-puissante Fédération internationale de football association (Fifa) avec pas moins de 110 millions d’euros de bénéfices attendus, ce qui fait de cette compétition l’événement le plus rentable de toute l’histoire de la fédération. Accusée de corruption et de détournement de fonds dans Carton rouge, le livre à charge du journaliste britannique Andrew Jennings, surnommé le Michael Moore du monde sportif, la Fifa aura en tout cas été à la hauteur de sa réputation de « pompe à fric » en faisant tourner à plein régime le business des droits de retransmission télévisée et du sponsoring. La cession des droits TV aurait ainsi rapporté à la Fifa 1,2 milliard d’euros. En France, les médias ont littéralement cassé leur tirelire pour retransmettre l’événement en direct ou en différé. Au total, TF1, M6, Canal+ et Eurosport ont déboursé quelque 135 millions d’euros pour pouvoir diffuser les matchs. Un effort financier rapidement récompensé puisque, dès les premières rencontres, TF1 et M6 avaient atteint des records d’audience. Retransmis par TF1, le match d’ouverture, Allemagne-Costa Rica, a réuni 6 110 540 téléspectateurs à partir de 18 heures, avec une part d’audience de 44,5 %. Quant aux matchs de l’équipe de France, diffusés en exclusivité par la même chaîne, ils sont suivis par 18 millions de téléspectateurs !
Côté parrainage, les contrats sont tout aussi juteux : les quinze sponsors internationaux (et les six allemands) ont versé à la Fifa plus de 700 millions d’euros. Des sponsors qui, pour certains, ont d’ores et déjà touché le jackpot. Comme l’allemand Adidas, qui a vendu plus de 10 millions de Teamgeist, le ballon officiel de la compétition. Partenaire historique de la Fifa depuis 1970, Adidas espère vendre 5 millions de ballons de plus et 1,5 million de maillots, et réaliser un chiffre d’affaires de 1,2 milliard d’euros pour la vente de produits football en 2006. Avec près de 35 milliards de téléspectateurs attendus (audience cumulée), soit 5 milliards de plus qu’en 1998, Adidas et les autres parrains de la grand-messe du football se frottent les mains en attendant les bénéfices et retours sur investissement en termes d’image de marque.
L’organisation de cette compétition n’est évidemment pas sans conséquences économiques pour le pays hôte. L’Allemagne se place donc logiquement parmi les premiers bénéficiaires de l’effet Mondial. Selon les analystes de Kepler Equities, à Zurich, la compétition la plus médiatisée de la planète devrait redonner des couleurs à l’économie allemande, qui connaît depuis quelques années un cycle de croissance ralentie (1 % en 2005 ; 1,6 % en 2004 ; 0,2 % en 2003). Ainsi les prévisions sont-elles revues à la hausse pour 2006 avec 1,6 % ou 1,8 % de croissance. La fédération de la grande distribution HDE estime que la Coupe du monde augmentera le chiffre d’affaires du commerce en Allemagne de 2 milliards d’euros, soit près de 0,1 % du PIB ; tandis que la fédération Dehoga de l’hôtellerie et de la restauration anticipe un plus de 500 millions d’euros avec l’arrivée de plus de 3 millions de supporteurs. Côté consommation, la confiance est à son zénith avec une progression de 2,4 % au premier trimestre. Sans oublier l’impact sur le pays tout entier des investissements du gouvernement qui, pour accueillir comme il se doit cette fête du football, aura déboursé quelque 4 milliards d’euros en logements, rénovations, constructions, etc. Et même si certains spécialistes restent prudents, à l’instar des économistes de l’institut de conjoncture berlinois DIW, qui soulignent l’effet limité dans le temps de la Coupe du monde sur l’économie nationale, la hausse du moral des ménages allemands et les premiers frémissements de l’économie laissent présager une belle embellie pour le pays.
Pendant ce temps, alors que les jeux sont faits dans les milieux économiques et financiers, la compétition se poursuit sur le terrain, et les pronostics vont bon train.

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