Lyndon Johnson signe la loi sur les droits civiques

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Une signature au bas d’une feuille. Par la grâce de ce seul geste, le 2 juillet 1964, les Africains-Américains allaient enfin pouvoir exercer leurs droits les plus élémentaires. Voter, s’asseoir aux mêmes bars, fréquenter les mêmes écoles, les mêmes clubs, utiliser les mêmes pompes à essence que leurs concitoyens blancs. En apposant sa signature sur la déclaration des droits civiques, après que celle-ci a été validée par la Chambre des représentants et le Sénat, le président Johnson mettait un terme officiel et solennel aux multiples discriminations ordinaires qui frappaient les Noirs américains, citoyens de seconde zone de l’une des plus vieilles démocraties au monde. Neuf ans plus tôt, une petite couturière de Montgomery, Rosa Parks, les avait fait éclater au grand jour en refusant de céder son siège à un Blanc, dans un bus.
Le signataire de ce texte historique n’en est pas le père. Lyndon Baines Johnson, trente-sixième président des États-Unis, s’est installé dans le bureau ovale après l’assassinat, le 22 novembre 1963, à Dallas, de celui dont il était le vice-président. Six mois avant sa mort, John Fitzgerald Kennedy avait sommé le Congrès d’adopter la déclaration, dont la mise en pratique devenait impérieuse.
Les actes de haine à l’encontre des Noirs s’étaient en effet multipliés, déclenchant des vagues d’émotion à travers tous les États-Unis. L’un des plus marquants survint le 12 juin 1963 à Jackson, dans le Mississipi, quand, au lendemain d’un discours du président Kennedy sur l’égalité entre Blancs et Noirs, le militant pour les droits civiques Medgar Evers, 37 ans, était assassiné d’une balle dans le dos.
Devenu emblématique de l’insupportable fêlure qui traversait la démocratie américaine, l’événement conduisit six militants pour les droits civiques, parmi lesquels un certain Martin Luther King, à organiser une gigantesque manifestation à Washington. Le 2 juillet 1963, un an jour pour jour avant la signature de la déclaration par le président Johnson, les « big six » se réunissent à l’hôtel Roosevelt, à New York, et s’accordent sur la date du 28 août. Ce jour-là, une foule de 200 000 personnes, dont 25 % de Blancs, se retrouve autour du mémorial de Lincoln, dans la capitale américaine. « Nous ne sommes pas des Nègres mais des Afro-Américains ! », « Nous serions plus nombreux si tant d’entre nous n’étaient en prison ! », « Halte aux meurtres légaux ! » : des slogans les plus variés jaillit une seule et même revendication, claire, forte. Celle de bénéficier des mêmes droits que les autres citoyens. En écho, le pasteur Martin Luther King intensifie la lutte pacifique, qui aboutira à la victoire du 2 juillet 1964. Quatre ans plus tard, le 3 avril 1968, il lance son célèbre et vibrant message d’espoir, « I have a dream » (« J’ai un rêve »). Le lendemain, il est assassiné.
Le pasteur donna un formidable retentissement à la cause, et l’élan vers les droits civiques devint inexorable. Le 15 septembre 1963, un nouveau crime raciste vint, s’il en était besoin, raviver la flamme. À Birmingham, dans l’État de l’Alabama, quatre étudiantes noires trouvent la mort dans un attentat à la bombe dirigé contre l’église où elles suivent des cours de catéchisme. Un quadruple assassinat qui conduit la nation américaine à considérer la ségrégation comme une « anomalie congénitale », analyse, quarante ans plus tard, l’actuelle secrétaire d’État, Condoleezza Rice, elle-même noire et originaire de Birmingham.
Comme la manifestation du 28 août, la loi sur les droits civiques frappée du sceau présidentiel le 2 juillet n’a pas mis fin aux crimes racistes. Le 21 février 1965, l’un des plus célèbres militants de la cause africaine-américaine, Malcolm X, est abattu. Mais les Noirs américains ont obtenu l’essentiel : le droit est désormais de leur côté.

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