Langue de baobab

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Le métier d’entraîneur n’est certes pas facile, mais est-ce une raison pour raconter n’importe quoi ? Prenez le Serbe Ratomir Dujkovic, le coach du Ghana. À la veille du match contre la Seleção, il s’enflamme : « Le Brésil va devoir combattre les Brésiliens d’Afrique ! Ce sera dur pour eux, car on n’a peur de personne. J’ai toujours dit que nous irions en demi-finale. On peut le faire ! » Changement de ton après la gifle reçue au Westfallenstadion de Dortmund (0-3) : « Les Brésiliens ? Ils ne sont pas imbattables, ils sont intouchables ! » Et Dujkovic de s’enorgueillir d’avoir écopé d’un carton rouge – un plus dans l’escarcelle du Ghana – pour avoir lancé à l’arbitre slovaque Michel Lobos qu’il « mériterait de porter le maillot brésilien » !
Après mûre réflexion, le Français Henri Michel a quant à lui trouvé un argument imparable pour expliquer la défaite de son équipe, les Éléphants de Côte d’Ivoire, face à l’Argentine ?(1-2) : « Nous avons payé notre inexpérience à ce niveau. » Pour ceux qui n’auraient pas compris du premier coup, son adjoint Gérard Gili est revenu à la charge à l’issue du match contre les Pays-Bas (1-2) : « Il nous a manqué ?un peu d’expérience. » On croit rêver. Double champion d’Angleterre avec Chelsea, Didier Drogba est-il vraiment ?un débutant ? Et Kolo Touré, et Manu Eboué, finalistes de la Ligue ?des champions avec Arsenal ? Et Bonaventure Kalou, vainqueur de ?la Coupe de France avec le Paris Saint-Germain ? La vérité est que « l’expérience » est en passe de devenir l’un des fleurons de la langue de bois – pour ne pas dire de baobab ! – footballistique. Vous n’avez rien à dire ? Vous tentez de noyer le poisson devant les journalistes ? Un seul remède : l’ex-pé-rien-ce !
Dans le genre, Roger Lemerre, l’entraîneur de la Tunisie, n’est pas mal non plus. Morceau choisi après Espagne-Tunisie (3-1) : « C’est peut-être au moment où l’Espagne a commencé à fléchir qu’on a été moins vigilants. Mais l’équipe a rendu une copie propre, les principes ont été respectés. Notre performance nous donne de l’espoir. Pour nous qualifier, il faudra juste transformer cette espérance en victoire contre l’Ukraine. » Après Ukraine-Tunisie ?(1-0) : « Le vrai problème a été ?de jouer à dix. On s’est retrouvés ?en infériorité numérique, puis menés au score, et la tâche devenait ?plus ardue. » Après l’élimination ?de son équipe : « On va rebondir, cette expérience doit être une source de progrès. Le football tunisien doit faire un travail énorme de préformation et de formation. » Comme dit le latéral David Jemmali : « J’ai connu Lemerre il y a dix ans, lorsqu’il entraînait l’équipe de France militaire. Il n’a pas changé, toujours assez mystérieux. » En effet. (Voir aussi pp. 40-42.)

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