L’Algérie fête son indépendance

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

5 juillet 1962. Les villes et les villages d’Algérie sont en liesse. Dans la capitale, des milliers d’hommes, de femmes et d’enfants défilent dans les rues en brandissant le drapeau vert, rouge et blanc. Perchés sur le toit des voitures, entassés sur des camions, juchés sur des mobylettes, accrochés aux fenêtres et aux portières des autobus, les Algérois scandent « Tahya Djazaïr » (« Vive l’Algérie »). Écrivain pied-noir, ami d’Albert Camus et défenseur de la cause algérienne, Jules Roy décrit ainsi cette journée dans son livre Mémoires barbares : « Ce fut une fête énorme, tonitruante, formidable, déchirante, d’un autre monde. Des hauts de la ville jusqu’à la mer, les youyous vrillaient le ciel. C’était la nouvelle lune, comme en juillet 1830, lorsque les troupes du général de Bourmont étaient entrées dans Alger. Pour nous qui partions, c’était la lune de deuil. »

Ce jour ensoleillé signe la fin de cent trente-deux ans de colonisation française. Il constitue surtout l’épilogue d’une guerre sanglante qui aura duré sept longues années et qui aura fait plus d’un million et demi de victimes algériennes et françaises. Près de six ans après le déclenchement de l’insurrection armée en novembre 1954, Algériens et Français se sont rendus à une évidence : il fallait négocier un cessez-le-feu et organiser un référendum pour l’indépendance de l’Algérie. Entamées depuis plusieurs mois entre les dirigeants du Front de libération nationale (FLN) et des représentants du gouvernement français, les négociations s’achèvent à Évian le 18 mars 1962. Dans l’après-midi, le ministre algérien des Affaires étrangères du Gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA), Krim Belkacem, et les négociateurs français, Louis Joxe, Robert Buron et Jean de Broglie, procèdent à la signature des accords dits d’Évian. Le soir même à Paris, le général de Gaulle annonce la fin des opérations militaires ainsi que l’entrée en vigueur d’un cessez-le-feu sur tout le territoire algérien à compter du lendemain à midi. Au même moment, le président du GPRA, Benyoucef Benkheda, proclame la « grande victoire du peuple algérien ».

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Immédiatement après la cessation des hostilités, les Français d’Algérie fuient le pays par centaines de milliers. Heureux de déposer les armes, les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) quittent les maquis pour rejoindre leurs familles dans les douars et dans les villages. Seule l’Organisation armée secrète (OAS), groupuscule paramilitaire, refuse d’abandonner « l’Algérie française » et promet le chaos. En attendant le jour de l’indépendance, le pays va donc vivre une période de terreur, caractérisée par la multiplication des attentats qui prennent pour cible les Algériens aussi bien que les Français. Mais rien ne remettra en question le processus d’autodétermination. Le 1er juillet, les Algériens se rendent aux urnes. À la question : « Voulez-vous que l’Algérie devienne un État indépendant, coopérant avec la France dans les conditions définies par les déclarations du 19 mars 1962 ? », les votants répondent favorablement avec un taux de 99,7 %. Le 3 juillet, le général de Gaulle reconnaît solennellement l’indépendance de l’Algérie.
De Tunis, où ils ont trouvé refuge, les ministres du GPRA débarquent à l’aéroport Maison-Blanche d’Alger le 5 juillet. Escorté par des motards, le cortège traverse la ville pour rejoindre le centre de la capitale. Tout au long d’un parcours de 20 kilomètres, une foule immense agite une forêt de drapeaux et les acclame. La fête populaire se poursuit le lendemain. Comme pour inciter le peuple à retrousser ses manches, les journaux annoncent la reprise du travail. Peine perdue. Assoiffés de liberté, les Algériens descendent de nouveau dans les rues pour manifester leur joie.

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