Embarquement imminent

Véritable vitrine du pays, le nouvel aéroport international d’Alger est l’aboutissement d’un chantier lancé il y a vingt ans.

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 3 minutes.

Il sera la vitrine de cette nouvelle Algérie qui émerge doucement de dix longues années de violence terroriste. Moderne, spacieux et confortable, le nouvel aéroport international d’Alger doit être inauguré au début du mois de juillet. « J’avais fini par m’habituer à ces blocs de béton hideux, dont les travaux n’en finissaient plus. Maintenant qu’ils sont terminés, on va enfin sortir du sous-développement et voyager comme en Europe », s’enthousiasme Hafid, jeune patron d’une entreprise privée.
Le projet d’aménagement de la zone ouest de l’aéroport d’Alger, baptisé Aéroport international Houari-Boumedienne en hommage au président algérien décédé en décembre 1978, a été décidé en 1975, dans le cadre de la politique de développement des infrastructures aéroportuaires du pays. À l’époque, les études pour la réalisation de l’aérogare fret et passagers sont confiées au groupe d’études allemand Codema. Lancé en 1986, le chantier est rapidement abandonné, faute de financements. Résultat : la construction du nouvel aéroport connaît un coup d’arrêt qui durera plus de quinze ans.
Ce n’est qu’au début de l’année 2003 que les travaux sont sérieusement engagés pour doter la capitale d’un aéroport digne des standards internationaux. L’entreprise chinoise CSCEC, également présente dans la construction de logements pour le compte de l’Agence nationale du développement et de l’amélioration du logement (AADL), décroche le marché. Entièrement financé par l’État pour un montant global d’environ 2,6 milliards de dollars, le nouvel édifice est une réplique de l’aéroport allemand de Francfort. À l’exception de sa décoration intérieure, arabo-mauresque. Mais alors qu’il devait initialement entrer en service en décembre 2005, son inauguration a été repoussée de six mois, au grand dam de l’État algérien. Un retard qui a d’ailleurs valu au ministre des Transports de véhémentes critiques. « Une fois inauguré, pourtant, on va vite oublier que l’Algérie aura mis vingt ans pour construire son nouvel aéroport. L’argent du pétrole aura au moins servi à bâtir quelque chose de grandiose », affirme Slimane, un chauffeur de taxi algérois fier du bâtiment.
Situé à quelques centaines de mètres de l’actuelle aérogare, ce dernier s’étale sur une superficie de 82 000 m2 et pourra voir transiter jusqu’à 6 millions de voyageurs chaque année. Le salon d’honneur couvre, à lui seul, une surface de 6 000 m2. Mélange de béton, de verre et d’acier, l’ensemble se compose de douze postes de stationnement d’avion, dont deux dédoublés et dédiés aux gros-porteurs. Le parking automobile peut accueillir plus de 2 000 véhicules. La décoration et l’embellissement des espaces intérieurs ont été réalisés par plus de 350 artisans.
En février 2006, le gouvernement confie à des entreprises étrangères l’exploitation des infrastructures. La gestion de l’aérogare est attribuée à la société française Aéroports de Paris (ADP), la gérance du free-shop à Duty Free Suisse alors que celle des restaurants et des cafés est prise en charge par Compass Europe. Signé en avril dernier, le contrat d’ADP avec les autorités algériennes, d’une durée de trois à cinq ans, stipule, en outre, que la firme doit assurer la formation du personnel. Le nouvel aéroport doit devenir une école de formation pour tous les aéroports d’Algérie, indiquait récemment un responsable algérien.
Si l’Algérie a décidé d’avoir recours aux services d’entreprises étrangères, c’est parce que « nous n’avons pas encore l’expérience et le savoir-faire requis dans la gestion d’un métro, d’un tramway ou d’un aménagement d’une telle envergure, explique le ministre des Transports, Mohamed Maghaloui, avant d’ajouter : c’est la raison pour laquelle nous avons privilégié des partenariats avec des spécialistes dont c’est la principale activité ». Toutefois, le gouvernement ne cédera pas sur l’essentiel : « Les infrastructures de base resteront propriété de l’État. C’est une décision irrévocable », poursuit-il.
Reste aussi une question : que va devenir l’ancien aéroport Houari-Boumedienne ? Exigu et peu confortable, il sera réservé aux vols domestiques. Quant aux structures qui abritent aujourd’hui encore les lignes intérieures, elles auront pour vocation exclusive le traitement des vols charters, des vols privés et des voyages à destination ou en provenance de La Mecque, en Arabie saoudite.

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