Dossiers chauds et joutes oratoires

Somalie, Darfour, Sahara occidental, affaire Habré Le Sommet de Banjul (1er-2 juillet) n’a pas abouti à de spectaculaires avancées.

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

La capitale gambienne a accueilli les 1er et 2 juillet le 7e Sommet de l’Union africaine. Une conférence de chefs d’État et de gouvernement très attendue en raison du nombre de dossiers chauds – sinon brûlants – qu’elle avait à traiter. Et d’abord, le problème somalien. On sait que l’irrésistible montée en puissance des intégristes de l’Union des tribunaux islamiques (voir pp. 87-88) amène les dirigeants africains à s’interroger sur l’éventuel envoi dans ce pays d’une force d’interposition (à noter qu’une délégation du Somaliland était présente à Banjul). L’Autorité intergouvernementale pour le développement (Igad), qui regroupe six pays d’Afrique de l’Est (Djibouti, Éthiopie, Érythrée, Kenya, Ouganda et Soudan), s’est assez peu courageusement dessaisie de ce « bébé oublié de l’Afrique qu’est la Somalie », selon la formule du chef de la diplomatie kényane.
Il y a aussi l’interminable crise du Darfour et ses extensions au Tchad et en Centrafrique, mais aussi le rapport de la commission des juristes africains sur l’affaire Hissein Habré, dont les ministres concernés ont préféré se dessaisir au profit des chefs d’État. Sur toutes ces questions, personne ne s’attendait à ce que le Sommet débouche sur un début de solution.
Lors du traditionnel discours inaugural du Conseil des ministres qui précède la rencontre, le Malien Alpha Oumar Konaré a fait sensation. Le président de la Commission de l’UA n’a en effet pas caché son découragement à la suite de la publication des résultats d’un audit réalisé par le cabinet Ernst & Young à propos du financement de la Conférence des intellectuels d’Afrique et de la diaspora (Dakar, octobre 2004). Ce document ainsi qu’une enquête interne engagée à l’initiative de Konaré mettent en évidence une série de malversations liées pour la plupart à des surfacturations. L’affaire a suscité un émoi considérable à Addis-Abeba et a déjà entraîné la démission de la directrice des finances de l’organisation.
À Banjul, il a aussi beaucoup été question du dossier du Sahara occidental. Bien entendu, comme à chaque fois que le sujet est abordé lors d’un Sommet de l’UA, le traditionnel clivage entre les partisans du Maroc et ceux du Polisario a réapparu. Lors du Conseil des ministres, Cheikh Tidiane Gadio, le chef de la diplomatie sénégalaise, a été le premier à ouvrir les hostilités pour défendre les thèses marocaines. Il a aussitôt reçu le soutien de ses collègues gabonais, burkinabè et – pour la première fois – tchadien. En face, la réplique s’est rapidement organisée. La quasi-totalité des pays d’Afrique australe a rappelé le sacro-saint principe du droit à l’autodétermination, tandis que l’Algérie, par la voix d’Abdelkader Messahel, son ministre délégué aux Affaires africaines, appelait l’UA à soutenir le plan Baker, quelque peu malmené par un récent rapport de Kofi Annan, le secrétaire général de l’ONU. Quant à Mustapha Ould Salek, le ministre des Affaires étrangères de la RASD, il a dénoncé « l’influence néfaste d’une puissance étrangère sur la position de certaines capitales africaines ». L’identité de ladite puissance ne fait évidemment aucun doute !
D’autres joutes oratoires – à fleurets mouchetés – ?ont animé ces assises panafricaines. Éthiopiens et Érythréens, notamment, se sont mutuellement reproché leur peu d’empressement à régler par le dialogue le différend frontalier qui les oppose.

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