Boni Yayi à Paris

Publié le 4 juillet 2006 Lecture : 2 minutes.

Pour sa première sortie internationale hors Afrique, Boni Yayi, le nouveau chef de l’État béninois, a choisi de se rendre en voyage officiel en France, du 28 au 30 juin. Il y a été reçu au palais de l’Élysée par le président Jacques Chirac. Le successeur de Mathieu Kérékou jouit d’un indiscutable crédit auprès de la communauté internationale, qui a unanimement salué son élection – il est vrai incontestable -, le 19 mars. Cotonou est devenu une étape obligée pour tout dirigeant occidental désireux de montrer son implication en faveur de la bonne gouvernance et du développement du continent. Autant dire que Boni Yayi ne pouvait qu’être chaleureusement accueilli à Paris.
Chirac a annoncé que la France allait tripler son aide budgétaire au Bénin (4,5 millions d’euros cette année). Par ailleurs, les deux hommes ont évoqué la situation de la filière coton. Chirac a promis à son interlocuteur de continuer à plaider en faveur de l’Afrique cotonnière auprès de l’Union européenne et de l’Organisation mondiale du commerce (OMC).
Parmi les premières initiatives économiques du nouveau président figure le doublement de la production de fibres (de 300 000 t à 600 000 t) dans les prochaines années. Un objectif difficile à atteindre tant que les subventions occidentales créeront un climat défavorable aux exportations ouest-africaines. Les entretiens avec Chirac ont également porté sur la situation en Côte d’Ivoire, au Tchad, au Soudan, en Centrafrique et au Togo, dont Yayi a plaidé la cause avec ferveur.
Le chef de l’État béninois s’est montré plus discret sur les sujets de politique intérieure, s’abstenant d’évoquer la révision constitutionnelle du 23 juin, grâce à laquelle les députés ont prolongé d’un an leur mandat. Pour les uns, cette réforme est motivée par un souci d’économie puisqu’elle permettra de « coupler » les législatives initialement prévues en mars 2007 et les municipales de 2008. Pour d’autres, elle traduit l’animosité de plus en plus vive d’une partie de la classe politique à l’égard du chef de l’exécutif. Il est vrai que la réforme a été orchestrée par Idji Kolawolé, président de l’Assemblée nationale et secrétaire général du Mouvement africain pour la démocratie et le progrès (Madep). Et que le président de ce parti, Séfou Fagbohoun, a été emprisonné le 4 juin. Accusé d’affairisme, le PDG de la Continentale des pétroles et investissements (CPI) serait impliqué dans le scandale de la Société nationale de commercialisation des produits pétroliers (Sonacop).
Les dirigeants du Madep, qui ont soutenu la candidature de Boni Yayi au second tour de la présidentielle, ont-ils voulu lui faire payer cette « ingratitude » ?
En attendant l’arbitrage de la Cour constitutionnelle, le vote de cette réforme est considéré comme le premier revers infligé au nouveau président. Reste à savoir si celui-ci pourra durablement gouverner sans disposer d’une majorité parlementaire stable. Pour l’instant, il se contente d’une mouvance présidentielle aux contours passablement flous et ne juge pas utile de créer son propre parti.

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