Cotonou : un port à guichets fermés
L’instauration du guichet unique au port de Cotonou en 2011 commence à porter ses fruits. Les temps de passage portuaire y sont parmi les plus courts de la sous-région. Et Maersk Line a choisi Cotonou pour les escales de ses nouveaux porte-conteneurs de classe Wafmax, les plus gros jamais alignés sur la côte ouest-africaine.
Croisé à Paris mi-janvier après un voyage éclair à Copenhague, Kassim Traoré, le directeur général du port autonome de Cotonou (PAC) s’est empressé de confirmer l’arrivée dès mars 2014 des nouveaux porte-conteneurs de la classe Wafmax, mis en ligne depuis 2012 par la compagnie maritime danoise Maersk Line entre la Chine et l’Afrique de l’Ouest. D’une capacité maximale de 4 500 EVP, ces navires de dernière génération sont les plus gros porte-conteneurs jamais alignés sur la côte ouest-africaine.
Première en Afrique de l’Ouest
Un motif de fierté supplémentaire pour le PAC, déjà récompensé par la Banque mondiale ces dernières années pour l’installation réussie de son guichet unique depuis octobre 2011. « C’est certainement ce qui a décidé Maersk à choisir Cotonou pour ses escales », veut croire Kassim Traoré, pas mécontent de son coup.
La mise en service de ces prestations, qui ont pour but de simplifier les procédures et les formalités lors du passage des marchandises, en plus de réduire les coûts et les délais, assure aujourd’hui au PAC, « un temps d’avance face à la concurrence », estime son directeur-général.
Le délai d’attente moyen des camions en transit est passé de 369 à 7 heures en deux ans
Gains d’efficacité
Ses effets n’ont pas tardé à se faire sentir, puisque le temps de séjour des marchandises dans l’enceinte du port est passé de 52 jours début 2012 à moins de 7 jours actuellement, pendant que le délai d’attente moyen des camions en transit ont été ramené à 7 heures, contre 369 heures deux ans plus tôt.
« L’impact a été spectaculaire aussi bien auprès des armateurs que des chargeurs », assure Kassim Traoré qui depuis est régulièrement sollicité par les exportateurs nigériens ou tchadiens, souhaitant faire transiter leurs marchandises par Cotonou pour profiter des meilleurs temps de passage portuaire de la sous-région.
Le port a traité 7,44 millions de tonnes en 2012, soit une hausse de 9,3 % et selon la direction portuaire, l’activité a encore progressé de 13 % en 2013. Même tendance du côté des conteneurs, dont le nombre aurait augmenté de 50 % sur les douze derniers mois. De quoi espérer atteindre l’objectif des 8 millions de tonnes de trafic fixé par le port pour la fin 2014.
Investissements
Dans sa quête, l’établissement portuaire peut compter sur le soutien de ses opérateurs privés, parmi lesquels Bolloré Africa Logistics (BAL). Présent sur le port depuis septembre 2009, l’armateur français n’a pas lésiné sur les investissements pour aménager son terminal et l’équiper depuis avril 2013 de deux portiques. Le contrat de concession signé pour 25 ans prévoit l’installation de deux portiques supplémentaires, « en fonction des volumes de trafic », précise la direction.
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De son côté, Maersk, à travers sa filiale locale Coman SA, construit depuis juillet dernier un nouveau terminal de 7 hectares et réfléchit à la possibilité d’installer leurs propres portiques, notamment pour accompagner le trafic conteneurisé engendré par les escales hebdomadaires des Wafmax et qui pourrait représenter entre 100 000 et 130 000 boîtes supplémentaires à l’année. « C’est une véritable révolution qui attend la manutention sur Cotonou », s’emporte Kassim Traoré.
Vocation régionale
Le PAC espère bien en profiter pour confirmer sa vocation sous-régionale, notamment en direction du Niger voisin qui représente déjà chaque année un tiers du trafic global de Cotonou. En 2013, les trafics avec Niamey ont doublé en volume, dans la foulée des importations de produits alimentaires et de matériaux de construction.
Kassim Traoré attend maintenant la confirmation de la construction de la boucle ferroviaire qui partira d’Abidjan pour rallier Cotonou via le Burkina Faso et le Niger. « Un port sans voie ferrée avec son hinterland n’a aucune chance aujourd’hui », reprend le directeur-général qui espère récupérer du trafic supplémentaire, à commencer par les minerais liés aux développements miniers à venir au Niger.
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