Maroc-Algérie : un risque de conflit « limité », selon des députés français
Un rapport de la Commission de la défense résume la situation politique et économique dans les pays du Maghreb, et revient sur le risque d’un conflit entre les deux voisins.
Le 17 février, la Commission de la défense nationale et des forces armées de l’Assemblée nationale française a publié un rapport, qui s’appuie sur les travaux réalisés par une mission d’information sur les enjeux de défense en Méditerranée. Ce texte propose une mise en perspective des enjeux sécuritaires auxquels est confrontée la région.
« Pôle de stabilité »
Ses auteurs, les députés Philippe Michel-Kleisbauer (Modem) et Jean-Jacques Ferrara (Les Républicains), procèdent à des rappels synthétiques sur chaque pays de la région et dressent un résumé succinct de la situation politique et économique au Maroc.
En prenant en exemple le «bon déroulement des élections législatives de septembre 2021 », ce rapport d’information qualifie le royaume chérifien de « pôle de stabilité politique dans la région », tout en rappelant les difficultés que connaît le pays sur les plans économique et social, qui ont parfois débouché sur des mobilisations populaires, notamment dans la région du Rif en 2016 et 2017.
Le rapport évoque par ailleurs la condamnation du Parlement européen de « l’utilisation par le Maroc des contrôles aux frontières et de la migration […] comme moyen de pression politique sur un État membre de l’Union européenne », en référence aux événements du 17 mai 2021, lorsque plus de 9000 migrants ont pénétré sur le territoire espagnol.
Sur le Sahara, les députés mentionnent un « conflit gelé » et évoquent une « absence de solution politique »
Au niveau sécuritaire, les rapporteurs font état d’une « menace terroriste [qui] reste prégnante bien que contenue », en rappelant que depuis 2002, « plus de 200 cellules terroristes ont été démantelées et plus de 4000 personnes ont été interpellées dans le cadre d’affaires liées au « terrorisme » ».
Conflit conventionnel ?
Les députés abordent également la question incontournable du Sahara occidental, en procédant dans un premier temps à un rappel chronologique des faits. Ils mentionnent un « conflit gelé » et évoquent une « absence de solution politique » qui serait, selon eux, principalement liée à l’impossibilité de parvenir à un consensus sur l’autonomie de la population sahraouie. Et cela en dépit du plan d’autonomie présenté par le Maroc en 2007 et jugé « sérieux et crédible » par Paris et Washington.
Si le rapport entend d’abord proposer une brève esquisse des enjeux qui structurent le conflit, il se distingue néanmoins de l’avis de nombre d’observateurs internationaux qui redoutent un conflit armé entre le Maroc et l’Algérie, surtout depuis l’annonce par le Polisario de la fin du cessez-le feu en vigueur depuis 1991 après le déploiement en novembre 2020 de troupes marocaines dans la zone tampon de Guerguerat.
Ainsi, et malgré la rupture des relations diplomatiques entre Rabat et Alger depuis le 24 août 2021, la commission de l’Assemblée nationale fait part d’un risque de conflit « limité » entre les deux voisins du Maghreb.
« Le risque d’une transformation des hostilités au Sahara occidental en un conflit conventionnel entre acteurs étatiques apparaît limité à ce stade. En novembre 2021, le bombardement – attribué par l’Algérie au Maroc – de camions transitant à l’Est du Sahara occidental et ayant causé la mort de trois Algériens n’a ainsi, fort heureusement, pas été suivi d’une escalade militaire entre les deux pays », estiment les auteurs.
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