Trois questions à Paul Kagamé

Pourquoi dissoudre le MDR maintenant ?

L’idéologie du MDR a eu un impact terrible sur notre histoire, elle a fait le lit du génocide en popularisant le slogan du Hutu Power. Nous pensions que le MDR voulait changer, en bien. Mais voilà cinq ans qu’il étale ses dissensions et ses querelles de leadership. Malgré tous les efforts, ce mouvement n’a pas réussi à se réformer, au contraire, il s’est radicalisé. Le comportement de certains de ses dirigeants a été examiné par la commission d’enquête parlementaire. Il est accablant. Les faits rapportés vont être transmis à la justice, qui tranchera. Nous prenons nos précautions en suspendant les activités de ce parti. Il est faux de dire que nous n’avons pas laissé sa chance au MDR, voilà cinq ans maintenant qu’il échoue à se transformer. Le cas du MDR est très spécifique, il n’a rien à voir avec la question du multipartisme, qui elle, ne nous pose aucun problème.

Si plusieurs candidats se présentent à l’élection présidentielle, il y a risque de vote ethnique. Comment réagirez-vous si ce cas de figure se présente ?

Le vote est secret, il se passe dans l’isoloir. Nous n’avons aucun moyen de savoir qui vote en faveur de qui, ni pourquoi, c’est d’ailleurs pareil dans tous les pays. C’est la règle du jeu. Si un candidat – hutu puisque c’est le sens de votre question -, émerge dans des conditions normales et au terme d’une campagne régulière, nous l’accepterons de bonne grâce.

Faustin Twagiramungu pourra-t-il revenir au Rwanda et se porter candidat ?

Il en a parfaitement le droit, et, personnellement, je le souhaite. Il est le bienvenu, il n’a pas été chassé d’ici, il a choisi, pour des raisons assez mystérieuses, de s’exiler en Belgique. Les craintes autour de sa personne sont injustifiées, et s’il rentre, il doit savoir qu’il sera en sécurité. s