Réducteur de dette

Publié le 5 septembre 2003 Lecture : 2 minutes.

Dans un pays où le retour sur investissement dépasse les 10 % par an, c’est paradoxalement l’argent qui fait le plus défaut. Pas l’argent à court terme, mais à moyen et long terme, celui-là même qui sert les investissements et donc la création de valeur ajoutée, d’emplois et de revenus. Voilà bien le principal souci de la nouvelle classe de capitalistes mauritaniens, née de la libéralisation économique entamée en 1992.
La Mauritanie dispose en effet aujourd’hui de ressources publiques abondantes, mais souffre d’un manque de capitaux privés « à risques », nationaux comme étrangers. Le climat des affaires est certes propice, comme le faisait tout récemment remarquer Isselmou Tajedine, le président de la Banque pour le commerce et l’industrie (BCI) : « La Mauritanie est guidée par une politique économique libérale. Elle jouit d’une grande stabilité politique ainsi que de la sécurité, mais les petites et moyennes entreprises ont besoin de ressources privées à long terme, à même de financer leurs projets. »
Ainsi, en 1996, les créanciers privés avaient accepté, sous l’égide de l’Association internationale de développement (AID, filiale de la Banque mondiale), d’abandonner leurs créances (92 millions de dollars) contre un petit remboursement cash de 5,2 millions de dollars versés non pas par la Mauritanie, mais par l’AID, la Suisse et l’Allemagne. En juin 2002, les créanciers publics ont suivi en effaçant une note de 1,1 milliard de dollars. Tout le monde y a mis du sien pour que le service de la dette extérieure de la Mauritanie soit allégé au maximum pour les dix années à venir. Il n’est donc pas question de l’alourdir aujourd’hui avec des emprunts privés. Seuls des crédits publics à très long terme et à faible taux d’intérêt sont autorisés. Vers qui alors se tourner pour financer le secteur privé ? Et à quelles conditions ?
Les bailleurs de fonds sont conscients de cette impasse. Mais aucune structure internationale n’existe pour le moment. Si des institutions commencent à accorder des lignes de crédit en monnaie locale, comme la Banque européenne d’investissement, cela reste l’exception. C’est ce qui a motivé l’initiative du président de la BCI. Isselmou Tajedine, soutenu par un groupe de partenaires, a voulu se faire entendre par la Société financière internationale (SFI, également filiale de la Banque). Un débat a été organisé, le 29 avril dernier, à son siège parisien en présence de plusieurs banques françaises, belges, marocaines… Le but est de trouver enfin une structure qui supporte le risque de change, qui serait assumé par les promoteurs privés et par des fonds publics. Tous les discours sur le développement du secteur privé resteront sans effets tant que les PME des pays pauvres n’auront pas accès aux capitaux en devises à un coût raisonnable.

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