Qu’est-ce que le Somaliland ?

Oasis de tranquillité dans la Corne de l’Afrique, la petite République autoproclamée attend depuis douze ans sa reconnaissance internationale.

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Pour la première fois de son histoire, le Somaliland a élu son président le 14 avril : successeur de Mohamed Ibrahim Egal, décédé le 3 mai 2002, Dahir Riyale Kahin (51 ans) dirigera pendant six ans cet ancien protectorat britannique, qui a fusionné avec la Somalie en 1960, avant de faire sécession le 18 mai 1991.
La République du Somaliland (138 000 km2) est située au nord de la Somalie, face au golfe d’Aden. Ses 3,5 millions d’habitants sont tous musulmans sunnites. 80 % d’entre eux appartiennent à l’ethnie issak, et 55 % sont nomades ou semi-nomades.
Détruite à 80 %, en 1990, lors de la guerre civile, la capitale, Hargeisa, compte aujourd’hui 500 000 habitants. Elle possède un aéroport et une université. C’est, dit-on, la ville la plus sûre de la Corne de l’Afrique. Berbera est, en revanche, le poumon économique du pays : c’est par son port que transite la quasi-totalité des exportations (bétail, encens) et des importations (essentiellement du qat, très consommé ici). 70 % des ressources du pays proviennent de l’agriculture vivrière. Toutes les autres activités, de l’électricité au téléphone en passant par le transport aérien, ont été privatisées. Les maigres ressources de l’État proviennent des taxes perçues dans le port de Berbera. Elles ne permettent d’assurer que les services de base : l’éducation, la santé et la défense, qui, à elle seule, engloutit 70 % du budget.
Libéral en économie, le pouvoir somalilandais reste, sur le plan politique, très largement tribal : les clans y sont représentés au prorata de leur influence dans les deux Chambres du Parlement. Les trois principaux partis du pays – l’Unité des démocrates (UDUB), parti du président sortant, et deux formations d’opposition, le Kulmiye (« Solidarité ») et Justice et rétablissement (UCID) – disposent de journaux édités par des sociétés privées. En revanche, Radio Hargeisa, la station d’État, n’a pas de concurrente : en juin 2002, les radios privées ont été interdites par le ministère de l’Information.
Le Somaliland ressemble à une oasis de tranquillité au milieu d’une région très instable. Son principal problème : officiellement, il n’existe pas. Depuis douze ans qu’il s’y efforce, il n’est toujours pas parvenu à obtenir la reconnaissance de la communauté internationale, ce qui lui ferme l’accès aux aides de la Banque mondiale et du FMI. Difficile, dans ces conditions, de mener à bien son développement. Du coup, le pays reste très dépendant de ses voisins, qui lui achètent notamment son bétail. Le sous-sol somalilandais est certes riche en charbon et en pétrole, mais aucune société étrangère n’est prête à investir dans un pays non reconnu, qui, de ce fait, n’offre aucune garantie juridique internationale. En attendant, la République autoproclamée vit avec l’aide de la diaspora : 500 millions de dollars par an.

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