Les vrais enjeux

Publié le 3 juin 2003 Lecture : 2 minutes.

Entretenant d’excellents rapports avec les États-Unis et des relations diplomatiques avec Israël, la Mauritanie réunit, il est vrai, quelques-unes des conditions essentielles pour être la cible d’actes du type de ceux qui ont frappé Riyad et Casablanca. Loin de toute démagogie préélectorale – ce n’est pas le genre de la maison -, le pouvoir a donc tenu à se montrer ferme, à six mois de la présidentielle du 7 novembre. Cette prochaine échéance ne devrait être pour Maaouiya Ould Sid’Ahmed Taya, au pouvoir depuis dix-neuf ans, qu’une simple formalité au regard à la fois de son bilan plus qu’honorable dans le domaine du développement économique et social et de la disproportion des moyens mis en oeuvre par les deux camps dans le cadre de la campagne électorale. Représentée au Parlement, l’opposition, qui a rompu avec ses vieux démons insurrectionnels, sait que ses chances de concrétiser une quelconque alternance sont extrêmement minces. Quant aux exilés, qui le sont parfois depuis les drames interethniques de 1989, ils ont perdu toute prise sur les rapports de force intérieurs, le pouvoir allant jusqu’à leur contester le statut même de réfugiés politiques.
Cette reconduction quasi mathématique du candidat Ould Taya (déjà élu en 1992 et en 1998), si elle ôte de l’intérêt aux mois à venir, a au moins un mérite : le débat peut se focaliser sur l’essentiel, loin des contingences électorales. Un peu comme en Tunisie, en effet, la démocratie mauritanienne a souvent du mal à suivre le rythme du développement, et un effort de mise à niveau s’impose. Même si beaucoup d’eau a coulé sous le bac de Rosso depuis quatorze ans et même si, fort heureusement, la composition des gouvernements ne s’analyse plus avec en main une calculette ethnique, l’intégration de la communauté négro-mauritanienne (et aussi des Harratins, les « Maures noirs ») est loin d’être toujours parfaite. Elle est, il est vrai, affaire d’économie et de niveau de vie, beaucoup plus que d’un pseudo-racisme dont seraient génétiquement coupables les Beydanes (« Maures blancs »). Enfin, une réflexion sur la façon, à la fois pédagogique et sécuritaire, dont l’État doit aider la société mauritanienne à se protéger des risques de la religion exutoire, est à mener d’urgence. Ces enjeux, on le voit, ne sont pas minces et n’ont rien de politiciens.

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