Côte d’Ivoire : retour à Toumodi, une ville toujours blessée

Cette ville du Centre-Est s’était embrasée durant la présidentielle du 31 octobre 2020. Aujourd’hui, elle tente de panser ses plaies et de combler le fossé entre les différentes communautés. Reportage.

Le marché de Toumodi, le 4 novembre 2020, après des affrontements intercommunautaires lors de la présidentielle ivoirienne du 31 octobre. People stand near a wall of a damaged shop that reads: « no to violence, Toumodi is the basis » in the market of Toumodi on November 4, 2020, during a campaign of non-violence and peace awareness by young volunteers after inter-community clashes during the country’s presidential election of October 31, 2020. – Ivory Coast is caught in a standoff after Ivorian President Alassane Ouattara won a third term by a landslide in October 31, 2020’s vote, which was boycotted by the opposition claiming an « electoral coup » in a nation with a constitutional two-term presidential limit © SIA KAMBOU/AFP

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Publié le 22 février 2022 Lecture : 4 minutes.

Assis côte à côte sur un banc en bois à l’intérieur d’une petite boutique de vêtements, Marc et Daniel (les prénoms ont été modifiés), la trentaine, ne décolèrent pas. La réconciliation, les excuses ? « C’est difficile. Pour le moment, ce n’est pas possible. » Les deux amis ont tout perdu dans les violences qui ont embrasé Toumodi le jour de l’élection présidentielle, le 31 octobre 2020.

Pendant deux jours, le chef-lieu de la région du Bélier, dans le centre-est de la Côte d’Ivoire, a vécu au rythme des pillages, des coups de machette, des détonations de fusil… Le marché a été incendié (il a été reconstruit depuis). Au total, sept personnes sont mortes, dont quatre d’une même famille brûlées vives dans leur habitation, dans le quartier de Toumodikro, qui a donné son nom à la ville et où résident majoritairement des Baoulés. Plusieurs dizaines de blessés ont été recensés et de nombreux commerces détruits.

Rivalités entre PDCI et RHDP

Ceux de Marc et Daniel ont été réduits en cendres. Après des études supérieures à Abidjan, et faute d’emplois dans la capitale économique, tous deux avaient décidé de rentrer dans leur région pour se mettre à leur compte. Ils se souviennent avec beaucoup de fierté de leurs boutiques « bien équipées », qui « marchaient bien ». « Aujourd’hui, nous repartons de zéro », soupirent-ils. Daniel a également perdu sa maison dans un incendie. « Ma mère n’a pas eu le temps d’emporter quoi que ce soit, tout a brûlé. Mes parents dorment dehors maintenant. »

Bien s’informer, mieux décider

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